Le roi de Thaïlande entame une visite d’État historique en Chine

Le roi de Thaïlande, Maha Vajiralongkorn, marquera une étape diplomatique historique en se rendant en Chine pour une visite d’État de cinq jours, la première effectuée par un monarque thaïlandais depuis l’accession au pouvoir du Parti communiste chinois en 1949.

Une visite placée sous le signe de l’amitié et de la modernité

Accueilli avec les honneurs au Grand Palais du Peuple à Pékin, le souverain a été reçu par le président chinois Xi Jinping et le Premier ministre Li Qiang. Les deux parties ont réaffirmé leur engagement à renforcer un “partenariat de confiance mutuelle et de prospérité partagée”. Selon le communiqué conjoint, la visite vise à “approfondir les liens historiques entre les peuples thaïlandais et chinois” et à ouvrir de nouvelles perspectives dans les domaines du commerce, de la technologie, de la culture et du tourisme.

Le voyage du roi et de la reine Suthida s’inscrit dans une série d’événements marquant cette année le 50e anniversaire du rétablissement des relations diplomatiques entre les deux pays en 1975, une décision qui avait mis fin à une période de tensions liées à la guerre froide lorsque la Thaïlande s’était alignée sur les États-Unis et avait reconnu Taïwan.

La portée de cette visite royale, dans la neuvième année de son règne, n’a pas échappé aux analystes. « Ce qui faisait défaut dans le rétablissement des relations entre la Thaïlande et la Chine depuis 1975, c’était une diplomatie au sommet impliquant le roi thaïlandais en Chine », a expliqué Pinitbhand Paribatra, politologue à l’Université Thammasat de Bangkok, dans une déclaration à Nikkei Asia. « Cette visite comblera cette lacune dans les relations multidimensionnelles entre la Thaïlande et la Chine, les élevant au niveau des liens que nous entretenons avec les États-Unis. »

La princesse Sirindhorn, sœur de Vajiralongkorn, est une sinophile reconnue qui visite régulièrement la Chine. En 2019, le président Xi Jinping lui a remis la médaille de l’amitié de la Chine. Quant à Vajiralongkorn, il s’est rendu dans le pays en 1987, alors qu’il était prince héritier, pour représenter son père, le défunt roi Bhumibol Adulyadej.

La visite de Vajiralongkorn à Pékin, sept mois après son premier déplacement à l’étranger au Bhoutan, s’inscrit dans un contexte de renforcement des relations économiques entre la Thaïlande et la Chine.

Des enjeux économiques stratégiques

La Chine est le premier partenaire commercial de la Thaïlande, avec des échanges bilatéraux évalués à près de 134 milliards USD en 2024. Les deux gouvernements ont évoqué la possibilité d’accroître les investissements dans les infrastructures, notamment dans les projets ferroviaires transasiatiques, ainsi que la coopération dans les secteurs de l’énergie propre, de l’agriculture et du numérique.

Les autorités thaïlandaises espèrent aussi relancer le tourisme chinois, un pilier essentiel de leur économie, durement touchée par la pandémie et la conjoncture mondiale. Bangkok souhaite notamment faciliter les voyages entre les deux pays grâce à des procédures de visa simplifiées et à l’augmentation des vols directs.

Depuis plus d’une décennie, la Chine est le principal partenaire commercial de la Thaïlande et, récemment, elle est devenue son plus grand investisseur étranger, notamment grâce au financement de projets tels que la production de véhicules électriques et une ligne de train à grande vitesse, dans le cadre de sa stratégie diplomatique axée sur les infrastructures. Par ailleurs, l’afflux de touristes chinois a significativement soutenu l’économie thaïlandaise ces dernières années, bien que les arrivées aient diminué cette année en raison de préoccupations liées à la sécurité, suite à l’enlèvement d’un acteur chinois.

Par Olivier Languepin – Thailande-fr.com – 13 novembre 2025