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Cambodge : la crise du coronavirus fait craindre une crise sociale

Le Cambodge semble encore peu touché par le Covid-19 (103 cas recensés le 30 mars).

Mais chez le voisin thaïlandais, l’épidémie a déjà gagné du terrain. Alors que la Thaïlande a fermé ses frontières terrestres, des milliers de travailleurs migrants venus de Birmanie, du Laos ou du Cambodge ont cherché à regagner leur pays, non sans difficultés.

C’est une vague de retour impressionnante, liée à l’impact du Covid-19 en Thaïlande : 40 000 travailleurs cambodgiens sont revenus au pays la semaine dernière, ce qui a très moyennement plu aux autorités d’un pays pour le moment relativement épargné par le coronavirus.

Chez le voisin thaïlandais, comme au Cambodge, l’épidémie a mis un coup d’arrêt à de nombreuses activités économiques. Par conséquent, les Cambodgiens, qui sont pour la plupart des travailleurs vulnérables, non déclarés ou qui travaillent dans le secteur informel, ont été parmi les premier touchés. « Pour eux, quelles raisons pourraient justifier de rester en Thaïlande ? Ils doivent payer leurs factures, leur nourriture, les commodités de base comme l’électricité », explique Khun Tharo de l’ONG de défense des droits du travail Central.

Comment peuvent-ils subvenir à leurs besoins ? Ils n’ont plus d’emploi et restent à la maison. Ils n’ont plus d’options.Khun Tharo, membre de l’ONG Central

Au total, entre 1 et 2 millions de Cambodgiens travailleraient en Thaïlande, où les salaires sont un peu plus élevés.

Des travailleurs agglutinés à la frontière et pas contrôlés

Mais ces retours massifs de travailleurs depuis la Thaïlande sucitent l’inquiétude au Cambodge. Les autorités ont reconnu avoir été dépassées par ces 40 000 travailleurs, agglutinés dans les files d’attente, qui ont pu passer la frontière sans problème. Or La Thaïlande enregistre plus de 1 500 cas de Covid-19. Même si les chiffres sont souvent mis en doute au Cambodge, seule une centaine de cas ont officiellement été diagnostiqués pour le moment.

Les autorités craignent donc les risques de propagation, d’autant plus qu’à la frontière, le recensement et les contrôles de santé ont été insuffisants. Le ministère de l’Intérieur a donc demandé aux migrants de rester en quarantaine par précaution. Mais pour Kun Tharo, il faut que le gouvernement prenne davantage de mesures pour accompagner ces travailleurs précaires et éviter la propagation du virus : « Je pense qu’il y a deux problèmes : le manque d’aides sociales et la mise en vigueur des mesures au niveau local. Jusqu’à maintenant on voit peu d’interventions concrètes », déplore le militant. « Comment pouvons-nous nous assurer que ces travailleurs migrants ont assez de soutien chez eux ? Ne serait-ce qu’un abri, une pièce isolée ou un centre où ils peuvent être placés en quarantaine. Sans soutien social, il est difficile de s’assurer qu’ils vont bien rester en quarantaine ».

Car le retour au Cambodge ne signifie malheureusement pas la fin des difficultés pour ces travailleurs précaires, qui risquent d’avoir du mal à trouver une activité alternative. Au Cambodge, le confinement n’a pas été prononcé mais les écoles et la plupart des lieux de divertissements sont fermés. Les secteurs du tourisme, de l’industrie textile ou le secteur informel commencent déjà à tirer la langue alors qu’ils emploient une large part de la population active. Le Cambodge n’a pas d’aides sociales pour les personnes qui se retrouveraient sans emploi Si la crise sanitaire se prolonge, ce sont donc des centaines de milliers de Cambodgiens qui risquent d’être en grande difficulté économique.

Par Juliette Buchez – Radio Franceinfo – 31 mars 2020

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