Aung San Suu Kyi est «indispensable» à la démocratie en Birmanie, selon Manille
Aung San Suu Kyi est «indispensable» au rétablissement de la démocratie dans son pays, a déclaré dimanche le ministre philippin des Affaires étrangères, après la nouvelle condamnation de l’ex-dirigeante birmane par un tribunal de la junte.
La prix Nobel de la paix, assignée à résidence depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021, a été reconnue coupable le 10 janvier de trois chefs d’accusation et condamnée à quatre ans de prison. Depuis, le tribunal de la junte a retenu contre Mme Suu Kyi, 76 ans, cinq nouvelles accusations de corruption, qui viennent s’ajouter à un grand nombre d’affaires portées à son encontre.
Si plusieurs pays occidentaux, dont les États-Unis et la Norvège, ont critiqué la dernière condamnation, les dirigeants de l’Asie du Sud-Est sont restés largement silencieux. Le ministre philippin des Affaires étrangères, Teodoro Locsin, a rompu ce silence dimanche, en tweetant qu’il avait adopté «comme sienne» une déclaration de son homologue norvégienne Anniken Huitfeldt critiquant la condamnation. «Suu Kyi est indispensable à un rétablissement de la démocratie qui ne portera aucune menace d’anarchie, de dissolution et de conflit civil», a déclaré Teodoro Locsin, ajoutant que les forces armées birmanes «n’ont rien à craindre».
Teodoro Locsin a par ailleurs défendu la récente visite en Birmanie de l’homme fort du Cambodge, Hun Sen, la première d’un dirigeant étranger depuis le coup d’État, alors que la région est divisée sur le traitement du cas birman. Pour les critiques, la visite de Hun Sen, dont le pays occupe la présidence tournante de l’Asean (Association des nations d’Asie du Sud-Est), risque de légitimer la junte et de saper les efforts visant à isoler les généraux.
Mais pour Teodoro Locsin, Hun Sen a réalisé des «progrès» et «mérite un soutien sans réserve». L’Asean s’était mise d’accord en avril sur un «consensus en cinq points» visant à restaurer le dialogue, et accepté par la junte mais a été peu suivi d’effets
Plus de 1400 civils ont été tués par les forces de sécurité depuis le coup d’État, d’après une ONG locale, et l’armée réprime la dissidence. En octobre, l’Asean avait pris la mesure très inhabituelle d’exclure le chef de la junte, le général Min Aung Hlaing, d’un sommet, en réponse au refus qu’un envoyé de l’Asean rencontre Aung Suu Kyi. Hun Sen a lui pu rencontrer le chef de la junte au cours de sa visite, et il a insisté sur le fait que ce voyage pourrait avoir un impact positif.
Le Figaro avec Agence France Presse – 16 janvier 2022
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