Les manifestants de NagaWorld à Phnom Penh sous la loi anti-Covid
Les rassemblements quotidiens devant Nagawolrd ont été stoppés ce week-end après que le gouvernement ait ordonné vendredi à tous les travailleurs en grève de se soumettre à un test de dépistage du Covid-19. Il a été demandé aux travailleurs – même si le test était négatif – de s’isoler pendant sept jours.
Des manifestants accusés d’enfreindre la loi anti-Covid
La police a arrêté trois travailleurs en grève alors qu’ils quittaient le site de dépistage situé sur l’île de Koh Pich, à Phnom Penh, et le tribunal a émis des mandats d’arrêt à l’encontre de quatre autres personnes qui doivent encore être placées en détention.
Ils sont accusés d’avoir enfreint la loi Covid-19 – et risquent jusqu’à cinq ans de prison – à la suite d’une enquête menée par la police antiterroriste. Les responsables de la santé ont testé environ 250 travailleurs samedi, et quatre d’entre eux se sont révélés positifs. Un communiqué de la mairie de Phnom Penh n’a pas précisé le nombre de tests effectués dimanche, mais a indiqué que 29 personnes avaient été testées positives. Le porte-parole de la police de Phnom Penh, San Sokseyha, n’a pas laissé les journalistes poser de questions sur l’exécution des quatre nouveaux mandats, et s’est contenté de rappeler l’arrestation de trois travailleurs samedi.
Solidarité des fédérations et syndicats internationaux
Alors que le sort de la grève reste incertain, les fédérations et syndicats internationaux ont exprimé leur solidarité avec le syndicat NagaWorld, avec des actions prévues dans au moins 11 pays, selon le groupe local de défense des droits Central. En Australie, une quinzaine de personnes de trois syndicats ont brandi des banderoles et des drapeaux devant l’ambassade du Cambodge à Canberra, tandis qu’une trentaine de syndicalistes indonésiens ont manifesté devant l’ambassade à Jakarta.
Les médias sociaux ont également montré des travailleurs du Bangladesh et de l’Inde brandissant des banderoles en faveur de la libération des travailleurs de la LRSU, le syndicat maison de NagaWorld. Des manifestations étaient également prévues au Royaume-Uni, en France, en Suisse et aux États-Unis. L’activité mondiale était centrée sur une campagne visant à libérer les travailleurs emprisonnés, à réintégrer les travailleurs licenciés et à demander à NagaWorld de négocier de bonne foi avec le syndicat au sujet d’autres violations présumées des droits dans le complexe du casino.
Nina Lau, coordinatrice de programme au centre de ressources Asia Monitor à Hong Kong, a déclaré que le groupe avait organisé des actions de soutien devant les ambassades du Cambodge en Corée du Sud et en Thaïlande, tout en coordonnant une campagne de photos au Bangladesh. « L’utilisation de mesures rigides et punitives de verrouillage ou de distanciation sociale est une démonstration de l’expansion du pouvoir de l’État qui réprime le mouvement ouvrier non seulement au Cambodge mais aussi dans le monde entier », a-t-elle écrit dans un courriel.
À Phnom Penh, des représentants de groupes de défense des droits locaux ont remis une lettre ouverte au ministère de l’Intérieur, après quoi ils se sont rendus à pied à l’Assemblée nationale pour soumettre le même document aux parlementaires. La lettre, signée par 133 personnes, groupes et communautés, dénonce ce qu’ils appellent un abus de pouvoir de la part des autorités cambodgiennes dans l’arrestation des membres de la LRSU, qui, selon eux, pourrait créer un « dangereux précédent ». « L’accusation d’incitation à commettre un crime portée contre les dirigeants et les militants du syndicat envoie le message aux grévistes de Naga World que leurs droits en matière de travail peuvent être bafoués en toute impunité alors qu’ils s’exposent à des poursuites judiciaires simplement pour avoir dénoncé les violations du droit du travail commises par leur entreprise et demandé réparation », peut-on lire dans la lettre.
Par Keat Soriththeavy & Ananth Baliga – Lepetitjournal.com – 9 février 2022
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