Au premier tour, l’extrême droite l’emporte dans la communauté Française
Chaque bureau de vote a ses singularités et connaît des évolutions d’une consultation électorale à l’autre. Certes, celui de Rangoun est modeste. Il est même peu dimensionnant à l’échelle de l’Asie du Sud-Est et de la 11ème circonscription des Français de l’étranger mais il n’en est pas moins un laboratoire dépeignant, parmi d’autres, l’évolution du corps électoral national.
Départs provoqués par la COVID-19 et le coup d’Etat militaire du 1er février 2021, le corps électoral français de Birmanie a été bouleversé depuis le 1er tour de l’élection présidentielle de 2017. Le nombre d’inscrit s’est considérablement affaissé (- 36,8 %), tout comme le taux de participation. Avec 31,7 % de votants, le décompte des bureaux de vote aura été rapide cette année puisque le nombre de bulletins dans l’urne a diminué de 68,3 % par rapport au dernier exercice.
Macron-Zemmour: une voix de différence
Si E. Macron ait demeuré en tête ce dimanche 10 avril, c’est d’une seule voix seulement sur E. Zemmour. De plus, il a perdu 8 points en 5 ans, soit 22,8 % de sa représentativité. Autre « perdant » d’un scrutin à l’autre, le deuxième sur le podium de la votation pour le dernier quinquennat : Jean-Luc Mélenchon. Cette année, il est non seulement dépassé par E. Zemmour (+ 11,9 %) mais il a perdu 45,9 % de sa part des votants. On a pu constater un effondrement plus vertigineux encore pour Les Républicains. V. Pécresse a perdu 66,5 % du ratio des citoyens qui s’étaient portés sur le nom de F. Fillon en 2017. Quant à la candidate socialiste, elle est rayée tout simplement du paysage politique local avec 0 voix, là où B. Hamont avait scoré à 9,8 %. Elle n’est d’ailleurs pas la seule à n’avoir convaincu personne en Birmanie puisque 4 autres prétendants ont fait un score vierge (N. Arthaud, N. Dupont-Aignan, J. Lasalle, F. Roussel).
Dans ce contexte politique, on peut penser qu’une partie des voix de gauche du passé s’est portée vers Y. Jadot. Le poulain d’Europe Écologie Les Verts a non seulement siphonné les voix du Parti socialiste (+ 5,6 points que B. Hamont) mais a également mordu sur l’électorat antérieur de J-L Mélenchon ; P. Poutou faisant, lui, exactement le même nombre de voix que lors de sa dernière candidature.
Au final, c’est du côté de l’extrême droite que les bouleversements ont été les plus spectaculaires. A la fermeture du bureau à 19h le 10 avril 2022, cette frange partisane a rassemblé 35,7 % des suffrages à Rangoun, E. Zemmour se taillant la part du lion avec près des deux-tiers de ses bulletins partisans. Cette asymétrie à l’extrémité de l’échiquier politique ne doit pas cachée pour autant la progression de M. Le Pen. Elle a gagné en un quinquennat 3,1 points, soit plus que les parts conjuguées de F. Asselineau et N. Dupont-Aignan, ce dernier n’ayant plus un seul soutien en Birmanie. Arrivée 5<ème au classement des électeurs de Birmanie, Mme LE PEN peut espérer multiplier par plus de 3 ses suffrages dans 15 jours mais si et seulement si elle bénéficie d’un excellent report des voix qui ont choisi au premier tour les candidats de Reconquête ! et des Républicains. Elle ne peut guère compter sur une mobilisation accrue des abstentionnistes car nombre d’entre eux ne résident plus de manière permanente dans le pays sous la férule des militaires. Reste néanmoins à savoir si les votes par procuration peuvent encore progresser, ayant déjà représenté près d’un cinquième des expressions citoyennes. Quant à E. Macron, il dispose tout au moins sur le papier pour le 24 avril d’une réserve de voix de près d’un tiers du corps électoral local et d’une demi-douzaine de points de plus de potentiel que sa rivale du Rassemblement national.
Par Francois Guilbert – Gavroche-thailande.com – 12 avril 2022
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