Cambodge : jusqu’à 100 000 personnes seraient réduites en esclavage par des cybercriminels chinois
Des dizaines de milliers de travailleurs asiatiques seraient victimes de traite humaine au Cambodge, détenus par des gangs chinois. Leur condition de travail serait proche de l’esclavage, selon la presse américaine. Les autorités démentent.
C’est une enquête édifiante que l’on peut lire ce mercredi dans le Los Angeles Times. Elle raconte le destin de ces milliers de travailleurs asiatiques, détenus au Cambodge par des mafias chinoises.
Tout commence, raconte l’article, avec une publication sur les réseaux sociaux. Généralement une banale offre d’emploi, proposant un job très bien rémunéré, comme employé dans une plateforme de service client. Beaucoup de jeunes hommes et de jeunes femmes se laissant appâter, répondent à la proposition et des personnes viennent alors les chercher pour les conduire directement au Cambodge.
Ce n’est qu’une fois arrivés à la frontière qu’ils prennent conscience d’être tombé dans un piège, comme le raconte ce jeune père de famille chinois, témoignant auprès d’Al Jazeera : « j’ai fini par comprendre que quelque chose ne se passait pas correctement lorsque j’ai vu des personnes nous attendre avec des armes », dit-il. « La seule chose que j’ai espéré, c’est qu’ils ne les utilisent pas contre nous… »
Rapidement, c’est tout un système d’emprise et de tortures physiques et psychologiques qui se met en place et que décrivent les victimes interrogées par le quotidien américain. Les passeports sont immédiatement confisqués à leur arrivée. On attend d’eux qu’ils réalisent chaque jour des arnaques par téléphone ou sur internet. L’une des plus répandues consiste à se faire passer pour une jolie jeune femme, afin d’extorquer de l’argent à de naïfs célibataires.
Arnaqué par une annonce en ligne, voici donc ces esclaves forcés d’arnaquer à leur tour d’autres personnes. Ceux qui y parviennent le mieux sont récompensés : un peu de nourriture ou d’argent de poche. Les autres sont battus, forcés de faire des pompes ou enfermés dans de minuscules pièces, détaille le Los Angeles Time.
Les autorités cambodgiennes évoquent bien le chiffre de 100 000 personnes impliquées dans cette industrie mais refusent catégoriquement le terme d’esclavage. Selon le quotidien, elles préféreraient évoquer de simples conflits entre salariés et employeurs, à propos de « différends contractuels ».
Par Adrien Toffolet – Radio France Culture – 2 novembre 2022
Articles similaires / Related posts:
- Au Cambodge, des milliers d’esclaves détenus par des mafias chinoises De jeunes asiatiques venus du Vietnam, de Malaisie, de Taïwan, de Chine ou de Hong Kong, sont aux mains de cybercriminel chinois, raconte le « Los Angeles Times ». Son enquête dévoile un vaste réseau de trafic d’êtres humains destiné à arnaquer des clients sur internet....
- Le Cambodge soutient le projet de décision de la Chine sur la sécurité nationale à Hong Kong Le Cambodge soutient le projet de décision de la Chine visant à établir et améliorer un cadre juridique et des mécanismes d’application de la Région administrative spéciale de Hong Kong, pour sauvegarder la sécurité nationale, a déclaré Koy Kuong, porte-parole du ministère cambodgien des Affaires étrangères....
- Garantir la sécurité et la stabilité est crucial pour Hong Kong (ministre de la Justice du Cambodge) Garantir la sécurité et la stabilité de la région administrative spéciale de Hong Kong (RASHK) de Chine est crucial pour les résidents de Hong Kong et contribuera au maintien de la sécurité dans la région, a estimé samedi Koeut Rith, ministre de la Justice du Cambodge....
- Le Cambodge dénonce le rapport des Etats-Unis sur la traite des êtres humains Le gouvernement cambodgien estime qu’il est injuste que les États-Unis aient relégué le Cambodge au dernier rang de leur index sur la traite des êtres humains....
- “No More Bets”, le film chinois qui irrite le Cambodge Le succès retentissant du film “No More Bets” détournerait les visiteurs chinois du pays d’Asie du Sud-Est. Ce long-métrage s’inspirant de faits réels montre les risques du cyberesclavage dans la région. Le gouvernement cambodgien tente de réagir....