Birmanie. La maison d’Aung San Suu Kyi, “symbole de la lutte pour la démocratie”, va être mise aux enchères
La Prix Nobel de la paix y a passé ses années d’assignation à résidence. Barack Obama et James Cameron y ont été reçus. La demeure coloniale au cœur de Rangoon sera mise en vente le 20 mars.
“Une semaine avant le troisième anniversaire de l’incarcération d’Aung San Suu Kyi, écrit The Irrawaddy, la Cour suprême contrôlée par la junte militaire a ordonné jeudi [25 janvier] la mise en vente de sa demeure familiale à Rangoon.” Elle a même fixé le prix de départ : 90 millions de dollars. La vente aux enchères aura lieu le 20 mars sur les lieux mêmes.
L’élégante bâtisse sise au 54 de l’avenue de l’Université, au bord du lac Inya, est chargée d’histoire. Elle fut donnée à la mère d’Aung San Suu Kyi au lendemain de l’assassinat, en 1947, de son mari, Aung San, héros de l’indépendance. C’est là qu’Aung San Suu Kyi, devenue le symbole de la lutte contre la dictature militaire, passa quinze années en résidence surveillée. Des milliers de personnes se sont massées devant l’entrée pour écouter le Prix Nobel de la paix. C’est, résume The Irrawaddy, “un symbole national de la lutte pour la démocratie en Birmanie”.
La junte au pouvoir verra certainement d’un bon œil ce symbole retourner à l’anonymat. Ce n’est pourtant pas elle qui est à l’origine de la vente. La propriété est au cœur “d’un conflit familial amer”, résume le média indépendant, entre Aung San Suu Kyi et son frère aîné, Aung San Oo, avec qui elle a coupé tous les ponts.
“En 2000, alors qu’elle était assignée à résidence, Aung San Oo l’a poursuivie en justice, affirmant que la maison lui appartenait”, écrit The Irrawaddy. Sa première plainte a été rejetée. Mais, en 2016, il a obtenu gain de cause, un tribunal de Rangoon divisant le 54 de l’avenue de l’Université entre le frère et la sœur. En 2019, il a saisi la Cour suprême, lui demandant d’ordonner une vente aux enchères et la répartition du fruit de la vente entre eux deux. La juridiction s’est donc prononcée en sa faveur le jeudi 25 janvier.
Courrier international – 26 janvier 2024
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