Birmanie : nouvelle défaite pour l’armée sur la frontière occidentale, le chef de l’ONU «très inquiet»
Après onze mois de siège, l’Armée d’Arakan, un groupe armé ethnique dans l’ouest de la Birmanie, s’est emparé d’une importante base militaire dans la ville frontalière de Maungdaw, dernier bastion de la junte dans le nord de l’État de Rakhine. Cette prise, la plus importante depuis des mois, marque un tournant pour l’Armée de l’Arakan qui contrôlerait désormais plus de 80% de cet État frontalier du Bangladesh.
À l’exception de la capitale Sittwe, toujours aux mains de la junte et isolée du reste du territoire, l’Armée d’Arakan contrôlerait une grande partie de l’État stratégique de Rakhine, et en particulier le Nord. Autrement dit, c’est la première fois, depuis le début du conflit à la suite du putsch de 2021 qu’un groupe armé ethnique a réussi à prendre le contrôle d’une frontière étatique, longue de 271 km et qui sépare la Birmanie du Bangladesh.
Le secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres « est très inquiet concernant les informations d’une escalade des violences en Birmanie, notamment dans l’État de Rakhine, qui ont provoqué de nouvelles souffrances et de nouveaux déplacements », a déclaré le porte-parole Stéphane Dujarric, dénonçant notamment les « attaques aériennes indiscriminées entraînant des victimes civiles ».
Deuxième revers
La junte est sous le choc d’une offensive rebelle majeure survenue l’année dernière, qui s’est emparée d’une grande partie du territoire, principalement près de la frontière avec la Chine. Quant à eux, les combattants de l’Armée d’Arakan ont revendiqué cette semaine le contrôle de « la totalité de la région de Maungdaw ».
Il s’agit aussi du deuxième revers le plus cinglant subi par la junte depuis octobre 2023 et sa défaite dans le nord de l’État Shan, à l’est et frontalier avec la Chine. Grâce à cette victoire, l’Armée d’Arakan pourrait s’imposer comme un nouvel interlocuteur du gouvernement intérimaire du Bangladesh, qui cherche à résoudre le sort du plus d’un million de Rohingyas réfugiés sur son territoire. Cela après plusieurs vagues de persécutions en Birmanie.
Ces contacts informels avec un acteur non étatique permettraient à Dacca de poser les bases d’un futur rapatriement des réfugiés de cette minorité ethnique musulmane et de résoudre les problèmes de sécurité, de traite d’êtres humains et de trafic de drogue à sa frontière.
Radio France Internationale – 13 décembre 2024
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