Thaïlande : vive le roi !
Le journal britannique “The Guardian” s’est lancé le défi d’expliquer les lois thaïlandaises sur le crime de lèse-majesté, en trente secondes chrono.
En Thaïlande, critiquer la monarchie est un crime punissable d’une peine allant de trois à quinze ans de prison. Cette loi contre le crime dit de “lèse-majesté” est l’une des plus sévères du monde.Certaines personnes sont poursuivies pour avoir tenu des propos politiques, porté des vêtements ressemblant trop à ceux de la famille royale ou participé à la vente de dessins satiriques.
Si elle est visée par plusieurs condamnations, une même personne peut être condamnée à plusieurs dizaines d’années d’emprisonnement : en janvier 2024, un homme a été condamné à cinquante ans de prison à cause de ses commentaires sur la famille royale.
Depuis quelques années, la loi est de plus en plus critiquée. Cela tient en partie aux manifestations de 2020 durant lesquelles les jeunes Thaïlandais ont réclamé des réformes démocratiques et brisé un vieux tabou en demandant des changements dans le rôle dévolu au monarque dans la vie publique. Ils ont notamment exigé que le crime de lèse-majesté soit supprimé. Depuis, au moins 274 personnes ont été poursuivies pour ce crime [au 30 septembre 2024, selon les chiffres de l’ONG Avocats thaïlandais pour les droits humains].
Le parti réformateur Move Forward [“Aller de l’avant”] est le seul à s’être engagé à modifier la loi. En 2023, il est arrivé en tête aux élections, mais il a été empêché de prendre le pouvoir par des sénateurs acquis à l’autorité royaliste conservatrice. De leur propre aveu, c’est parce que Move Forward prévoyait de supprimer le crime de lèse-majesté qu’ils se sont opposés à son arrivée au pouvoir. Certains ont accusé le parti de vouloir renverser la monarchie, pilier essentiel de la société thaïlandaise.
En janvier 2024, la Cour constitutionnelle a jugé que le projet de réforme du crime de lèse-majesté porté par Move Forward était illégal. Au mois d’août, cette institution a ordonné la dissolution du parti.
Par Rebecca Ratcliffe – The Guardian / Courrier International – 24 décembre 2024
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