Le Myanmar renforce sa loi sur la cybersécurité : la lutte contre les VPN s’intensifie
Jusqu’à six mois de prison et des amendes pouvant atteindre 2 millions de kyats (près de 1 000 dollars). C’est ce que les habitants de la Birmanie risquent désormais pour avoir utilisé un service VPN sans autorisation, suite à l’adoption d’une nouvelle loi controversée sur la cybersécurité le mercredi 1er janvier 2025.
D’après la junte militaire, cette législation vise à “prévenir les cyberattaques par des technologies électroniques menaçant la souveraineté nationale, la paix et la stabilité, ainsi qu’à enquêter efficacement et à poursuivre les cybercrimes”, comme le rapporte Radio Free Asia.
Cependant, des experts s’inquiètent des conséquences sur les droits numériques des citoyens, notamment en ce qui concerne la vie privée en ligne, la liberté d’expression et l’accès à l’information.
Depuis le coup d’État de 2021, l’internet en Birmanie est soumis à un contrôle strict. Les plateformes de médias sociaux, ainsi que les médias indépendants et internationaux, sont bloqués, rendant l’utilisation des meilleures applications VPN nécessaire pour rester connecté et accéder à des informations libres.
Des droits numériques menacés
Comme mentionné, des experts juridiques et des groupes de défense des droits numériques ont mis en garde contre les risques que cette nouvelle loi fait peser sur les libertés numériques des citoyens.
Un expert juridique a témoigné auprès de Radio Free Asia en suggérant qu’il devrait y avoir une limite à l’emprise des autorités sur le contrôle des activités en ligne des citoyens.
“La loi sur les VPN est détournée pour contrôler les récits publics. La junte s’intéresse davantage à restreindre le flux d’informations indépendantes qu’à se concentrer uniquement sur des préoccupations légitimes en matière de cybersécurité”, a déclaré un autre expert juridique de la ville de Mawlamyine à un groupe local de défense des droits de l’homme.
Au-delà des VPN, les 16 chapitres et 88 articles de la loi sur la cybersécurité pénalisent également d’autres activités en ligne telles que la fraude en ligne, le jeu illégal et les transactions financières non autorisées, avec des peines de prison pouvant aller de deux à sept ans.
Le régime militaire a activé la loi sur la cybersécurité mercredi, imposant jusqu’à six mois de prison ou des amendes de 1 à 10 millions de kyats (US$475-4,750) pour établir des connexions VPN ou fournir des services VPN sans autorisation. #WhatsHappeningInMyanmar pic.twitter.com/4Wo6s2aOIH2 janvier 2025
La nouvelle loi de la Birmanie semble constituer l’ultime mesure de la junte pour empêcher les citoyens d’utiliser des applications VPN afin de contourner les restrictions en ligne imposées par le gouvernement.
En juin dernier, nous rapportions comment une interdiction des VPN en Birmanie avait plongé les citoyens dans l’obscurité numérique depuis mai. La plupart des services VPN avaient cessé de fonctionner, des soldats inspectant apparemment les téléphones des passants au hasard à la recherche d’applications VPN illégales.
Parallèlement, la Birmanie figurait parmi les pays les plus touchés par les coupures d’internet et les blocages de médias sociaux en 2024. Selon les dernières données, le pays a subi un total de 20 376 heures de blocages sur une période de 12 mois, affectant environ 23,7 millions de personnes.
Une chose est claire désormais : la nouvelle loi complique encore davantage la lutte des citoyens face aux restrictions en ligne quotidiennes sans encourir de sanctions légales.
Bon à savoir
- La Birmanie a connu une augmentation significative du nombre d’heures passées en ligne durant l’année 2024, malgré les restrictions.
- Les lois sur la cybersécurité sont en constante évolution dans de nombreux pays, ce qui affecte la manière dont les citoyens accèdent à l’information.
- L’accès à des informations indépendantes est essentiel pour une démocratie en santé, d’où l’importance de débattre de la régulation d’internet.
La situation en Birmanie soulève des interrogations sur l’équilibre entre la sécurité nationale et la protection des droits numériques. Alors que les gouvernements cherchent à protéger leurs intérêts, il est crucial de se demander comment ces mesures impactent le quotidien des citoyens. Les discussions autour des droits numériques pourraient-elles conduire à un changement positif et à une meilleure régulation des technologies de l’information ?
Par Julien Macé – Lesnews.ca – 4 janvier 2025
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