Cambodge : Hun Manet a sévèrement réprimé les droits
Le Premier ministre n’a pas tenu ses promesses de renforcer la démocratie et l’État de droit
Le gouvernement cambodgien du Premier ministre Hun Manet a sévèrement réprimé l’espace civique, la participation politique et d’autres libertés fondamentales en 2024, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans son Rapport mondial 2025. Les autorités ont de plus en plus restreint les droits à la liberté d’expression, à la liberté des médias et à la liberté de réunion pacifique, et ont procédé à des arrestations ainsi qu’à des détentions à motivation politique de dissidents et de détracteurs du gouvernement.
Dans la 35e édition de son Rapport mondial, qui comprend 546 pages, Human Rights Watch analyse les pratiques relatives aux droits humains dans près de cent pays. Dans une grande partie du monde, écrit la directrice exécutive Tirana Hassan dans son essai introductif, les gouvernements ont réprimé, arrêté et emprisonné à tort des opposants politiques, des activistes et des journalistes. Des groupes armés et des forces étatiques ont illégalement tué des civils, forcé beaucoup d’entre eux à quitter leur foyer et les ont empêchés d’accéder à l’aide humanitaire. Dans de nombreux cas parmi plus de 70 élections nationales tenues en 2024, des dirigeants autoritaires ont gagné du terrain sur la base de rhétoriques et de programmes politiques discriminatoires.
« Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a emboîté le pas à son père en intensifiant le recours à des lois répressives et à des tribunaux politisés pour faire taire les détracteurs et les défenseurs des droits humains », a déclaré Bryony Lau, directrice adjointe de la division Asie à Human Rights Watch. « La démocratie au Cambodge n’existe que de nom et le peu d’espace qui reste aux opinions critiques, à la société civile et aux médias, demeure sous la menace constante de persécution. »
- À l’approche des élections sénatoriales de février, Human Rights Watch a enquêté sur des informations faisant état d’intimidations, de pots-de-vin et d’autres activités illégales de la part de responsables du parti au pouvoir, ainsi que sur des arrestations à motivation politique de membres de partis politiques d’opposition tout au long de l’année.
- Une délégation du Cambodge s’est présentée devant le Conseil des droits de l’homme des Nations Unies à Genève en mai, pour le quatrième Examen périodique universel (EPU) de la situation des droits humains de ce pays. Depuis le précédent examen mené en 2019, le gouvernement n’a pas progressé sur les recommandations qu’il avait pourtant acceptées.
- Depuis juillet, les autorités ont arrêté arbitrairement au moins 94 personnes qui avaient critiqué publiquement un plan de développement gouvernemental avec le Vietnam et le Laos. Au moins 33 personnes sont visées par des accusation de complot et d’incitation à commettre un crime, passibles d’une peine pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison.
- Les autorités continuent de cibler et d’arrêter des activistes écologistes, des journalistes et des défenseurs des droits des travailleurs en raison de leur travail en faveur des droits humains.
Les partenaires du développement du Cambodge et les autres gouvernements qui ont investi dans ce pays devraient publiquement et conjointement appeler à mettre un terme aux attaques continues contre la liberté d’expression, la participation politique et la réunion pacifique, a déclaré Human Rights Watch. Le gouvernement de Hun Manet devrait faire marche arrière dans ses efforts visant à étouffer les libertés fondamentales, et tenir ses promesses de défendre la démocratie et l’État de droit.
Human Rights Watch – 16 janvier 2025
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