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Thaïlande : le mariage pour tous entre en vigueur

La nouvelle loi, promulguée par le roi en septembre, ne comporte plus de références genrées, et confère aux couples homosexuels les mêmes droits en matière d’héritage, de propriété ou d’adoption qu’aux couples hétérosexuels.

Les premiers couples LGBT+ se sont dit « oui », jeudi 23 janvier, en Thaïlande, à l’entrée en vigueur de la loi autorisant le mariage entre personnes de même sexe. Après des années de revendications de la communauté LGBT+, la Thaïlande est ainsi devenue le territoire d’Asie le plus peuplé à reconnaître le mariage gay, devant Taïwan et le Népal.

Des centaines de couples sont attendus au cours de la journée dans les 878 districts de Thaïlande et 50 arrondissements de Bangkok, qui ont commencé les enregistrements dans la matinée. La procédure, essentiellement administrative, peut ne durer que quelques minutes, mais, pour la communauté LGBT+, c’est l’aboutissement d’un combat de plusieurs années au nom de l’égalité.

Des célébrations de masse ont notamment débuté dans une halle des conventions de l’un des plus grands centres commerciaux au cœur de Bangkok, où des fonctionnaires se sont installés pour gérer l’afflux de demandes. Avec des concerts, des discours, des forums d’échange, des drag-shows, ou encore des tapis des « fiertés » avec des célébrités, des événements vont animer toute la journée ce mall, épicentre des festivités dans le royaume, sous le mot d’ordre « L’amour triomphe », choisi par les organisateurs.

La nouvelle loi, promulguée par le roi Maha Vajiralongkorn en septembre, ne comporte plus de références genrées, et confère aux couples homosexuels les mêmes droits en matière d’héritage, de propriété ou d’adoption qu’aux couples hétérosexuels.

« Aujourd’hui, le drapeau arc-en-ciel flotte fièrement au-dessus de la Thaïlande », a écrit la première ministre, Paetongtarn Shinawatra, sur X. « Cette loi sur l’égalité devant le mariage marque le début d’une plus grande prise de conscience de la société thaïlandaise sur la diversité des genres », a poursuivi la dirigeante, actuellement en Suisse pour le Forum de Davos.

La loi reste associée à son prédécesseur Srettha Thavisin, issu du même parti, Pheu Thai(Parti pour les Thaïlandais) , qui a accéléré le processus législatif, jusqu’à sa destitution en août. « Récemment, le dirigeant d’un pays a dit qu’il n’y avait que deux genres. Mais je pense qu’on est plus ouverts d’esprit que ça », a déclaré Srettha Thavisin, dans une allusion au nouveau président américain, Donald Trump, qui a signé après son investiture un décret limitant à deux – « masculin » et « féminin » – les genres reconnus par l’Etat.

L’homosexualité illégale dans de nombreux pays d’Asie

Le mariage gay suscite un consensus rare en Thaïlande, dans un contexte de polarisation croissante entre le bloc conservateur, favorable à l’armée et au roi, et l’opposition progressiste, soutenue par les jeunes générations. Le royaume bouddhique bénéficie depuis longtemps d’une réputation de tolérance envers les minorités sexuelles et de genre qui attire des touristes de pays voisins conservateurs.

L’homosexualité est illégale dans la moitié des pays d’Asie, et peut entraîner une peine de prison de plusieurs années, comme en Birmanie ou en Malaisie, frontaliers de la Thaïlande, a relevé en 2020 un rapport de l’Association internationale des personnes lesbiennes, gays, bisexuelles, trans et intersexes (ILGA).

L’instabilité chronique de la vie politique thaïlandaise, entre coups d’Etat et grandes contestations populaires, avait eu raison par le passé de précédentes tentatives d’autoriser le mariage pour tous.

Malgré l’avancée sur le mariage, les activistes continuent de déplorer l’absence de reconnaissance des personnes transgenres ou non binaires, qui n’ont toujours pas le droit de faire modifier la mention de sexe sur leurs documents d’identité.

Des campagnes de harcèlement en ligne et de surveillance numérique ont aussi ciblé des militants des droits des femmes et de la cause LGBT+, dans un contexte d’accroissement de la répression envers toute voix critique depuis le putsch de 2014, a rapporté Amnesty International l’an dernier.

Le Monde avec Agence France Presse – 23 janvier 2025

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