Birmanie : Htein Lin, un artiste-peintre au service de la contestation
La contestation contre le coup d’Etat continue. Alors que la plupart des habitants sont dans les rues, d’autres utilisent les moyens à leur disposition pour soutenir le mouvement. C’est le cas de Htein Lin, qui a levé des fonds avec ses amis artistes, grâce à la création et la vente de peintures à bas prix.
Les cheveux longs et le sourire en coin, Htein Lin est un artiste-peintre célèbre en Birmanie, à l’origine d’un projet de soutien envers le mouvement de désobéissance civile à Rangoun. « J’ai parlé avec des amis artistes de la création d’une rue d’artistes. Ça a duré du 10 au 15 février. Nous autres artistes descendaient dans la rue, nous peignions, les gens venaient voir, et nous suspendions nos œuvres sur la grille de la cour de justice. C’est pourquoi nous avons appelé l’évènement « Rue des artistes pour le mouvement de désobéissance civile « ».
Htein Lin et ses amis, parfois aussi célèbres que lui, vendent leurs œuvres à prix cassé, et les fonds sont intégralement reversés aux populations en grève qui protestent contre le gouvernement militaire. Les boutiques d’art leur offrent de la peinture et des toiles gratuitement.
Son nom est sur une liste d’artistes potentiellement bientôt arrêtés par la police, mais il hausse les épaules à son évocation, et raconte l’origine de son art, lorsqu’il était en prison de 1998 à 2004. « J’avais beaucoup de temps et je peignais sur des uniformes de prison. A chaque fois que j’avais du charbon ou de la craie, je dessinais toujours en une seule ligne. Je fais surtout des portraits, c’est comme une méditation. Je fais un point de départ sur la toile, et je continue à dessiner sans m’arrêter. C’est comme ça que j’ai fait le portrait d’Aung San Suu Kyi, vous voyez le mot « LIBRE », derrière elle, les trois doigts du symbole de la révolution. La ligne se termine sur ma signature. »
Htein Lin continue à vendre ses créations à Rangoun, pour le plus grand plaisir des collectionneurs – et des grévistes qu’il soutient tous les jours.
Par Juliette Verlin – Radio France Internationale – 28 février 2021
Articles similaires / Related posts:
- Birmanie : les poètes de la résistance « Nos vers sont des hordes d’enfants qui hurlent »: ulcérés par la répression sanglante de l’armée birmane au pouvoir depuis le coup d’Etat contre Aung San Suu Kyi, de nombreux poètes sont entrés en résistance et sont traqués par le régime militaire....
- Birmanie : l’armée poursuit les arrestations, la contestation s’intensifie En Birmanie, la junte militaire poursuit les interpellations et la campagne de désobéissance s’organise suite au coup d’État militaire. Des centaines de professeurs et d’étudiants se sont notamment réunis devant l’Université Dagon à Rangoun....
- Birmanie : «La culture de l’impunité doit cesser» Entretien avec Aung Myo Min, ministre des Droits de l’homme au sein du gouvernement clandestin d’unité nationale birman. ...
- Birmanie : manifestations en écho à celles de 1962 contre la première junte Des opposants à la junte au pouvoir depuis plus de cinq mois en Birmanie sont descendus mercredi dans les rues de Rangoun pour marquer l’anniversaire des manifestations étudiantes de 1962 contre la première junte alors au pouvoir....
- Un an après le coup d’Etat, la Birmanie s’enlise dans un long conflit Le 1er février 2021, l’armée birmane renversait le gouvernement d’Aung San Suu Kyi, mettant fin à une décennie de transition démocratique. Mais la junte ne s’attendait pas à une telle résistance et, un an après, la rébellion se poursuit et la répression s’intensifie....