Birmanie. La junte birmane dresse des listes et frappe
Une jeune star du cinéma et de la chanson a été arrêtée jeudi, premier d’une liste de 120 personnalités visées par les militaires. Deux mois après le coup d’État, la répression s’accentue.
Ils sont arrivés à cinquante militaires et policiers, jeudi à l’aube, à Yangon, au domicile de la mère de Paing Takhon pour embarquer le garçon de 24 ans. Mannequin, acteur, chanteur, Paing Takhon est une star en Birmanie et en Thaïlande voisine, suivie par des millions de fans sur les réseaux sociaux. C’est dire si sa condamnation du putsch du 1er février, très vite après les faits, avait été remarquée par les soutiens à la Nobel de la Paix Aung San Suu Kyi… et par les militaires qui l’ont déposée.
Paing Takhon a été emmené vers une destination inconnue. Il a probablement été contraint de donner les codes d’accès à ses comptes Facebook et Instagram, qui ont été fermés. Son arrestation marque une escalade nette dans la répression. Il fait partie d’une liste de 120 célébrités du pays – chanteurs, mannequins, journalistes – visés par un mandat d’arrêt. Tous sont accusés d’avoir diffusé des informations susceptibles de provoquer des mutineries
dans les forces armées.
La junte veut, à tout prix, couper la contestation populaire d’éventuels relais médiatiques, quitte à faire une croix sur la fiction qu’elle tente de vendre depuis le début : celle d’une armée sortie de ses casernes pour défendre la démocratie birmane en danger…
La politique de terreur semble porter ses fruits, au moins dans les villes. Des dizaines de milliers de Birmans osent toujours braver la junte en faisant grève, mais ils sont de moins en moins nombreux à descendre dans la rue par peur des représailles. Des tentatives ont lieu pour entretenir la flamme, comme ces chaussures déposées dans les rues pour symboliser chaque manifestant absent.
Dans les campagnes, malgré les 600 civils déjà tués par balles, les centaines de disparus, la résistance continue, parfois violemment. Au moins onze villageois sont morts et des dizaines d’autres ont été blessés, mercredi et jeudi, à Taze (centre). Mais trois militaires ont aussi été tués quand les habitants, armés de fusils de chasse et de bombes incendiaires, ont tenté de les empêcher d’entrer dans la petite ville.
Par Patrick Angevin – Ouest France – 9 avril 2021
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