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Birmanie : des milliers de manifestants dans les rues

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Tom Andrews, rapporteur spécial des Nations unies pour la Birmanie, s’est dit « terrifié » par la situation dans le pays après le coup d’État.

Comme depuis plusieurs jours, plusieurs milliers de Birmans sont descendus dans les rues mercredi 17 février, notamment à Rangoun, la capitale économique, pour manifester contre la junte et demander la libération d’Aung San Suu Kyi. Elle a été inculpée une nouvelle fois mardi pour avoir violé « la loi sur la gestion des catastrophes naturelles », a indiqué à l’Agence France-Presse son avocat Khin Maung Zaw. À pied ou sur des deux-roues, les manifestants ont défilé dans le calme, arborant des pancartes : « combat pour la démocratie », « rejetez le coup d’État », « respectez la loi ! ». « Aujourd’hui, nous devons nous battre jusqu’au bout, montrer notre unité et notre force pour mettre fin au régime militaire. Les gens doivent sortir dans la rue », a déclaré à l’Agence France-Presse un étudiant de 21 ans.

Pour tenter d’empêcher les forces de sécurité de se déployer, des contestataires ont bloqué plusieurs axes avec des voitures, prétendant qu’elles étaient tombées en panne. Pour le moment, aucune présence significative de militaires et de véhicules blindés n’était visible, d’après des journalistes de l’AFP. Mais le rapporteur des Nations unies Tom Andrews craint un regain de violences après avoir été informé de l’envoi de soldats « depuis des régions périphériques vers Rangoun ». « Dans le passé, de tels mouvements de troupes ont précédé des meurtres, des disparitions et des détentions à grande échelle », a mis en garde Tom Andrews. « Je suis terrifié à l’idée que, compte tenu de la confluence de ces deux mouvements – les manifestations massives prévues et la convergence des troupes –, les militaires pourraient être sur le point de commettre des crimes encore plus graves contre le peuple de Birmanie. »

Couper les liens économiques

Tom Andrews a appelé la communauté internationale à faire pression sur les généraux et à « convaincre la junte que les rassemblements prévus pour mercredi doivent pouvoir se dérouler sans arrestations ni violence ». « La répression continue des libertés fondamentales et des droits de l’homme de la population birmane doit cesser immédiatement », a-t-il ajouté. Il a également exhorté les entreprises étrangères à couper les liens avec la Birmanie si les généraux « continuent sur cette voie violente ».

Interdiction des rassemblements, coupures du réseau Internet, interpellations nocturnes, renforcement de l’arsenal législatif : les militaires n’ont cessé de durcir le ton depuis leur coup d’État du 1er février qui a mis fin à une fragile transition démocratique de 10 ans. La peur des représailles est dans tous les esprits dans le pays où les derniers soulèvements populaires de 1988 et de 2007 ont été réprimés dans le sang par les militaires.

Plusieurs manifestations ont déjà donné lieu à de fortes tensions. Les forces de l’ordre ont tiré à plusieurs reprises, des gaz lacrymogènes, des balles en caoutchouc ou avec des lance-pierres, faisant plusieurs blessés. Une jeune femme de 20 ans qui a reçu la semaine dernière un tir dans la tête – probablement à balles réelles – est en état de mort cérébrale. Et un policier est décédé mardi des suites de blessures occasionnées lors d’un rassemblement à Mandalay (centre), a affirmé la junte qui qualifie les rassemblements de « violents » et brandit de manière répétée la menace de « sanctions ».

Désobéissance civile

Malgré cela, les appels à la désobéissance civile se poursuivent avec des médecins, enseignants, contrôleurs aériens, cheminots en grève contre le putsch. Ces grévistes sont particulièrement ciblés lors des arrestations. Plus de 450 personnes – responsables politiques, fonctionnaires, militants, étudiants – ont été arrêtées depuis le 1er février, d’après une ONG d’assistance aux prisonniers politiques. 417 sont toujours en détention. Des rapports non confirmés font état d’interpellations supplémentaires.

Les connexions Internet ont été de nouveau presque totalement coupées dans la nuit de mardi à mercredi, avant d’être restaurées dans la matinée. La junte a aussi renforcé l’arsenal répressif : les perquisitions sans mandat et les placements en détention pour une courte période sans le feu vert d’un juge sont autorisés. Une loi très liberticide sur la cybersécurité est également en train d’être mise en œuvre.

Le soutien de la Chine

Les généraux font la sourde oreille face aux multiples condamnations internationales et aux sanctions annoncées par Washington. Ils disposent jusqu’à présent de deux soutiens de taille à l’ONU, la Chine et la Russie, pour qui la crise actuelle constitue « une affaire intérieure » birmane. « Nous n’avons pas été informés à l’avance du changement politique » qui s’est produit en Birmanie, a assuré mardi Chen Hai, l’ambassadeur de Chine à Rangoun. Des manifestants s’étaient rassemblés la veille devant la représentation diplomatique chinoise, accusant Pékin d’apporter son soutien aux militaires.

La situation actuelle « n’est absolument pas ce que la Chine veut voir », a ajouté l’ambassadeur, dont le pays a d’importants projets et investissements en Birmanie. Washington a de nouveau appelé l’armée à libérer tous les détenus et à « rétablir le gouvernement démocratiquement élu ». Le chef de la junte Min Aung Hlaing est un paria au plan international depuis les exactions commises contre les musulmans rohingyas en 2017. Il a justifié son coup d’État en faisant état de fraudes aux législatives de novembre, largement remportées par la Ligue nationale pour la démocratie, le parti d’Aung San Suu Kyi.

Agence France Presse – 16 février 2021

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