Le tourisme en Birmanie pourrait perdre plus de 500 000 emplois
Même si le confinement n’est que partiel en Birmanie, la fermeture des frontières et la limitation des moyens de transport à l’intérieur même du pays ont bien évidemment vidé les hôtels de leurs clients et mis à mal toute l’industrie du tourisme en Birmanie, une industrie au développement récent et pas encore vraiment consolidée, où le meilleur des services pouvait côtoyer le pire et dont la fragilité apparaît au grand jour avec la crise économique mondiale due à la gestion du Covid-19.
L’Association birmane du voyage (Union of Myanmar Travel Association – UMTA) estime ainsi que plus de la moitié des individus vivants de l’hôtellerie et du tourisme ont perdu ou devrait perdre leur emploi dans les mois à venir à cause de la crise économique mondiale liée à la lutte contre le Sars-Cov-19. En gros, explique le président de l’UMTA, « les hôtels et les voyagistes ont tous dû suspendre leurs activités, faute de clients. En conséquence, ils se trouvent tous avec trop de personnel, entre 50 et 70% de salariés qui n’ont plus d’activités. Il est évident que cela n’est durable pour personne. Alors les grosses structures et les grosses entreprises qui ont de la trésorerie vont sans doute pouvoir tenir, mais les autres, les plus petits, aujourd’hui ils cherchent juste à survivre ».
Dans certains hôtels, comme le Melia Yangon, les plus gros salaires ont accepté dans un premier temps de ne pas percevoir leurs émoluments du mois d’avril afin que de conserver la totalité du personnel ; dans d’autres établissements, les salaires ont été réduits ; dans d’autres encore, l’entreprise a eu recours au chômage partiel. « En mars, nombre d’hôtels ou de voyagistes ont réduit les salaires d’un tiers, en avril, c’était de moitié, en mai ce sera pire, et en juin encore pire », considère le vice-président de l’UMTA.
D’après l’association, le secteur du tourisme emploie directement environ 800 000 personnes en Birmanie, et lorsqu’on y ajoute les guides, les conducteurs de carriole à chevaux, de bateaux, les fabricants de souvenirs, etc., il faut probablement compter quelque chose comme 1,5 millions de personnes dont le revenu quotidien dépend du tourisme. Ceux qui le peuvent tirent parti de la situation pour réaliser des travaux ou des aménagements au sein de leur établissement, d’autre pour former certains de leurs personnels, mais la plupart font le dos rond en espérant tenir jusqu’à des jours meilleurs… qui ne viendront pas avant la fin de l’année 2020 au mieux, pense l’UMTA.
Mi-mai commence en effet la saison des pluies, qui marque la basse saison pour le tourisme en Birmanie. Et ce sont surtout des Européens qui viennent visiter le pays à cette époque-là, puisque c’est le moment de leurs congés. Or, au vu de l’intensité de la crise économique en Europe, il est clair que la préoccupation de la plupart des gens ne sera pas de voyager… Et même pour ceux qui souhaiteront se changer les idées, des destinations plus proches du vieux continent, et qui vont probablement casser les prix, seront privilégiées. Et tout cela en acceptant l’idée que les grandes compagnies aériennes auront rouvert l’ensemble de leurs routes à des prix abordables, ce qui est moins que certain… Les premiers touristes à revenir seront donc vraisemblablement ceux de la région, Chinois, Coréens, Japonais… Un tourisme d’affaire pour beaucoup, qui ne profitera pas à tous, loin de là. D’autant qu’en Birmanie même, il faudra du temps pour que les structures soient elles aussi de nouveau pleinement opérationnelle, entre six et neuf mois selon l’UMTA, qui prévoit un retour du tourisme à son niveau de 2019 – 4 millions de voyageurs en provenance d’une trentaine de pays – en 2023. Si aucun virus ne sort du bois d’ici-là…
Lepetitjournal.com – 3 mai 2020
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