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Nouvelles lois liberticides dans l’État du Kayah

Le 3 mai dernier, le gouvernement régional de l’état de Kayah a modifié sa législation locale sur la diffamation. Les autorités locales ont ainsi fait savoir aux habitants des sept circonscriptions du plus petit état de Birmanie que dorénavant étaient interdits tout propos, écrits, affiches, informations dénigrante le pouvoir exécutif local ou son action.

Le texte prévoit également l’interdiction de toute intrusion sur les terrains gérés par le gouvernement.

Cette décision intervient alors qu’un conflit oppose le gouvernement régional à des organisations de la société civile (OSC), à des militants en faveur de l’environnement et à des villageois de Kontha et Kayanthaya qui protestent contre un projet de création de mines de plomb que ces opposants considèrent comme nocif pour la santé des habitants locaux et pour l’environnement de manière plus générale. Récemment, des individus sans prérogatives officielles ont arraché par la force des affiches informant la population sur les risques de ces mines de plomb. Lorsque le chef du village leur a demandé de quel droit ils se comportaient ainsi, ils ont répondu « celui de hautes autorités ». Mais sans fournir aucunes preuves ou documents. Lorsqu’ensuite, les militants ont voulu poser à nouveau des affiches, ils ont là été empêchés au nom des mesures contre la Covid-19 qui limitent les rassemblements à cinq personnes au plus. Pourtant, deux personnes suffisaient pour poser une affiche… Selon des membres de L’Union des jeunes de l’état de Karenni, un mouvement local de protestation, l’instauration de ces nouvelles réglementations contre la diffamation est juste « un abus de pouvoir pour interdire la liberté d’expression ».

La loi prévoit des sanctions allant d’une simple amende jusqu’à deux ans d’emprisonnement. Pour l’OSC Equality Myanmar, qui travaille à l’éducation aux droits Humains, « l’ordonnance du gouvernement local ne définit pas précisément la notion de discours diffamatoires. Donc tout cela est laisse à l’appréciation de l’accusateur, qui peut donc éventuellement en abuser ».

De son côté, l’entreprise Da Nu Pyit Won, qui est à l’origine du projet minier, a déjà acquis des terres agricoles dans la région. Au-delà des risques liés à l’exploitation du plomb, des militants soulèvent l’atteinte à la sécurité alimentaire de l’état. Et pour d’autres observateurs, comme l’analyste Ko Kyaw Htin Aung, cette nouvelle réglementation a pour seul objectif de bloquer les critiques contre le gouvernement local.  Pour lui comme pour d’autres observateurs, il s’agit d’une atteinte à la liberté d’expression qui va à l’encontre de l’idéologie proclamée par la Ligue nationale pour la démocratie, le parti de Daw Aung San Suu Kyi, actuellement au pouvoir. Les militants locaux appellent donc maintenant le pouvoir fédéral à s‘exprimer sur la situation et à prendre position. Pour sa part, le Premier ministre Kayah a simplement déclaré que ces mesures sont en continuité avec la ligne de son gouvernement.

Par Julia Guinamard – lepetitjournal.com – 17 mai 2020

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