L’Internet est-il vraiment utilisé par les guérillas ?
Les autorités birmanes affirment que l’accès à l’internet favorise les activités des groupes rebelles et qu’il convient de fermer le robinet numérique dans les zones à risque. La réalité est que cet isolement digital permet aussi à l’armée de masquer ses crimes, et empêche l’économie de respirer. Analyse.
Le gouvernement birman a introduit une réforme importante des télécommunications en 2014, permettant au groupe norvégien Telenor et à Ooredoo du Qatar d’opérer. Le prix des cartes SIM est rapidement passé de 200 dollars à 2 dollars seulement, permettant ainsi à des millions de personnes de se connecter à Internet.
La conséquence selon les autorités ? Un accès généralisé à internet qui facilite les échanges des groupes rebelles. D’où la décision de suspendre les services numériques dans les provinces en crise. Le groupe de réflexion International Crisis Group a, de son coté, déclaré que la fermeture avait affecté les paiements numériques, les transferts de fonds et les informations sur les marchés pour les agriculteurs.
11 millions de personnes utilisent un service de paiement numérique
En Birmanie, peu de gens utilisent les banques, mais plus de 11 millions de personnes utilisent un service de paiement numérique appelé Wave Money, une joint-venture entre Telenor et Yoma au Myanmar.
Droits élémentaires bafoués
Les militants ont exhorté les opérateurs de téléphonie mobile à contester la loi qui justifie le black-out, mais Telenor et Ooredoo ont déclaré qu’ils devaient y obéir, bien qu’ils aient participé à des discussions sur la création d’une coalition pour proposer des amendements à la loi.
Telenor Myanmar estime que le fait de désobéir aux lois qui suspendent l’accès d’internet à certains territoires lui ferait perdre sa licence. Néanmoins, l’impact de cette fermeture est reconnu: une étude interne de Telenor affirme que les droits élémentaires des birmans sont bafoués par cette inégalité de traitement numérique.
Gavroche-thailande.com – 23 août 2020
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