Prayuth Chan-Ocha attend de pied ferme les avocats de Mark Zuckerbeg
Le premier ministre thaïlandais l’a réaffirmé mercredi 28 août : son gouvernement est prêt à contrer toute tentative de Facebook de prendre des mesures légales après la censure d’un groupe jugé critique pour la monarchie.
Le général Prayut a déclaré que la « demande » du gouvernement de bloquer l’accès en Thaïlande au groupe « Royalist Marketplace » sur Facebook a été effectuée sous le pouvoir souverain thaïlandais. La société a déclaré plus tôt dans la journée qu’elle se préparait à prendre une mesure juridique non spécifiée en réponse à la censure.
« Tout ce que nous avons fait était en accord avec les lois thaïlandaises. Je n’ai plus le pouvoir absolu de bloquer des contenus », a déclaré Prayuth Chan Ocha. « L’ordre est venu du tribunal, donc s’il y a une poursuite contre nous, nous la combattrons sur la base des lois thaïlandaises. »
Il s’en est également pris à deux critiques de la monarchie à l’étranger et les a accusés de diriger le groupe Facebook pour fomenter des troubles en Thaïlande.
« Tout le monde sait qui est derrière tout ça. Ce sont Somsak et Pavin, n’est-ce pas ? » a déclaré Prayut, en faisant référence à l’historien en exil Somsak Jeamteerasakul et à l’universitaire Pavin Chachavalpongpun, basé à Kyoto.
« Ont-ils jamais été responsables des dommages causés à notre nation ? » a demandé le général.
Pavin s’est toujours identifié comme l’administrateur derrière le groupe, mais il n’y a aucune preuve que Somsak était impliqué ; le fugitif basé à Paris a souffert d’un accident vasculaire cérébral l’année dernière et serait toujours en convalescence.
Empêchés d’accéder au groupe
Les utilisateurs de Facebook situés en Thaïlande ont été empêchés d’accéder au groupe, qui compte plus d’un million d’utilisateurs, lundi soir après que la société ait accepté de se conformer aux demandes de retrait des autorités thaïlandaises.
Cependant, un nouveau groupe de parodie dirigé par les mêmes administrateurs derrière « Royalist Marketplace » a rapidement fait son apparition sur Facebook, et comptait plus de 500 000 personnes moins de 24 heures après son lancement.
Dans un communiqué publié mardi, Facebook affirme avoir été contraint de restreindre l’accès à son site suite à une menace des autorités thaïlandaises de poursuivre ses activités commerciales dans le pays.
L’entreprise se prépare également à « contester légalement » l’ordre du gouvernement thaïlandais, qu’elle considère comme une violation du droit international des droits de l’homme, bien qu’elle n’ait pas donné plus de détails.
Offensive du ministre des Affaires étrangères
Le ministre des affaires étrangères Don Pramudwinai a déclaré que l’affaire n’est pas liée aux lois internationales puisque la société fait des affaires dans le Royaume.
« Ce n’est pas pertinent », a déclaré Don. « Facebook opère en Thaïlande, donc nous avons le pouvoir d’enquêter sur les choses qui se sont passées en Thaïlande. Tout ce qui viole les lois thaïlandaises est inacceptable. »
Il a également refusé de dire si l’ordonnance de censure porte atteinte à la liberté d’expression de la population.
Gavroche-thailande.com – 27 Août 2020
Articles similaires / Related posts:
- Comment la Thaïlande utilise des « lois numériques » pour criminaliser l’opposition En juin 2020, un activiste thaïlandais en exil au Cambodge est arrêté mystérieusement après avoir publié une vidéo critique à l’égard du gouvernement. Depuis le coup d’État en 2014, les militaires au pouvoir n’ont de cesse d’asseoir leur contrôle sur les réseaux sociaux pour museler l’opposition. Pour cela, ils n’hésitent pas à détourner une série de « lois numériques »....
- Interdiction à vie d’exercer des fonctions politiques pour l’activiste Pannika Wanich Ce mercredi 20 septembre, la Cour suprême a statué que l’ancienne porte-parole du Future Forward Party aujourd’hui dissous, Pannika Wanich, est interdite de briguer des fonctions politiques à vie en raison de son implication de l’institution monarchique dans le champ politique. ...
- En exclusivité, Gavroche donne la parole aux dissidents thaïlandais basés en France Gavroche a, depuis 1994, le cœur qui bat pour la Thaïlande. Pas une seule fois, nous n’avons détourné le regard lorsque la situation politique s’est avérée difficile. Et toujours, nous avons refusé d’appliquer sur le royaume des schémas trop franco-français. Gavroche connait la Thaïlande de l’intérieur. Nous en respectons les lois, ce qui n’empêche pas de garder une saine distance critique....
- Les exilés Thaïlandais en France parlent aux lecteurs de Gavroche (2) Suite de notre série d’entretiens avec Jaran Ditapichai, Khunthong Faiyen et Chom Faiyen, exilés Thaïlandais en France. Cette fois, quid de leur vie quotidienne ?...
- Un rapport de Human Rights Watch met en garde le Pheu Thai Le gouvernement dirigé par le Parti Pheu Thai, qui a pris ses fonctions en Thaïlande en août 2023, n’a pas entrepris de réformes sérieuses en matière de droits humains ni annulé les injustices du passé, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui dans son Rapport mondial 2024....