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Le pouvoir cambodgien veut juger son opposition

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Deux ans après avoir dissous le principal parti d’opposition, le régime de Hun Sen, au pouvoir depuis trente-cinq ans, organise un maxi procès de ses anciens cadres. Ils risquent jusqu’à quinze ans de prison.

Ils étaient une quarantaine de courageux, encadrés par un cordon de policiers, jeudi 26 novembre au matin, devant la Cour de la capitale du Cambodge.  Nous sommes ici pour défendre les libertés, déclare l’un des manifestants. Ceux qui sont jugés n’ont rien fait de mal. Ils étaient des élus du peuple, il faut leur montrer que nous les soutenons. 

138 anciens élus convoqués

De l’autre côté de la rue, à l’intérieur du tribunal, 138 anciens élus, membres ou simples sympathisants du Parti du sauvetage national du Cambodge (PSNC), le principal parti d’opposition aujourd’hui dissous, sont convoqués pour « incitation » à commettre des troubles à l’ordre public ou encore « conspiration pour renverser le gouvernement ». La majorité des prévenus sont réfugiés à l’étranger, mais une trentaine faite face aux juges et risquent entre cinq et quinze ans d’emprisonnement.

Dans un communiqué, la rapporteuse spéciale de l’Onu sur les droits humains au Cambodge, Rhona Smith, a dénoncé un  procès de masse, politiquement motivé et manquant de fondements juridiques solides  . De fait, les vices de procédure sont légion : des prévenus n’ont reçu aucune convocation ; certains ont appris ce qu’on leur reprochait sur les réseaux sociaux ; d’autres sont convoqués pour  des faits commis en 2019  , sans plus de précision !

Confirmation à la sortie de l’audience par Chak Sopheap, directrice du Centre cambodgien pour les droits de l’Homme : deux procès débuteront bien les 14 janvier et 4 mars,  sans que les personnes présentes à l’audience ne sachent ce qui leur est reproché… 

Parti unique

Ce procès hors norme contre des partisans du PSNC est une étape de plus dans la lente dégradation des libertés. Presque tous les leviers du pouvoir sont désormais détenus par Hun Sen, 68 ans, Premier ministre depuis… 1985 !

À l’été 2018, son Parti du peuple cambodgien a remporté la totalité des sièges à l’assemblée nationale, faisant de facto du Cambodge un pays à parti unique. Facile, puisque huit mois plus tôt le PSNC avait été dissous et 118 de ses cadres interdits de politique.

Cela n’a apparemment pas suffi au régime.  Ce procès n’est pas un cas isolé, rappelle Rhona Smith. L’espace démocratique se rétrécit continuellement. 

Par François Camps – Ouest France – 28 novembre 2020

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