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Vietnam : Libérer le poète dissident

L’ancien prisonnier politique Tran Duc Thach risque à nouveau d’être condamné à une peine de prison

Les autorités vietnamiennes devraient immédiatement abandonner les charges à l’encontre du poète dissident Tran Duc Thach et le libérer, a déclaré Human Rights Watch aujourd’hui. Le procès de Tran Duc Thach, qui a été arrêté le 23 avril en raison de ses liens avec un groupe pro-démocratie, est censé débuter le 30 novembre.

« Le gouvernement vietnamien veut punir Tran Duc Thach pour sa défense des droits humains et de la justice, ce qui revient à dire qu’exercer le droit à la liberté d’expression est un crime », a déclaré John Sifton, directeur du plaidoyer auprès de la division Asie de Human Rights Watch. « D’autres gouvernements devraient faire part de leurs préoccupations avant la tenue de son procès, et demander sa libération. »

Après l’arrestation de Tran Duc Thach, les autorités ne lui ont permis de voir son avocat qu’à partir du 5 novembre, et uniquement en présence de policiers. Son avocat, Ha Huy Son, a déclaré aux médias qu’il n’avait même pas été autorisé à photocopier l’acte d’accusation visant Tran Duc Thach, et avait dû prendre des notes manuscrites.

Tran Duc Thach, âgé de 69 ans, est l’auteur de centaines de poèmes, d’un roman et de nombreux articles, dont la plupart condamnent la corruption, l’injustice et les violations des droits humains au Vietnam. Ancien membre de l’Armée populaire de libération, il a rédigé en 1988 un roman intitulé « Doi ban tu » (« Deux compagnons en prison »), qui décrivait la nature arbitraire du système juridique vietnamien et les conditions abjectes dans les prisons de son pays. Un recueil de poèmes intitulé « Dieu chua thay » (« Des choses passées sous silence ») évoquait la vie sans véritable liberté ni justice.

Son récit « Ho chon nguoi am anh » (« Triste souvenir d’un charnier »), raconte l’histoire du massacre de civils par des soldats nord-vietnamiens dans le village de Tan Lap, dans la province de Dong Nai, commis en avril 1975 et dont il fut témoin.

Les autorités l’ont harcelé à plusieurs reprises depuis 1975. En octobre 2009, un tribunal l’a reconnu coupable de « propagande contre l’État » en vertu de l’article 88 du Code pénal alors en vigueur, et l’a condamné à trois ans de prison.

Après avoir purgé sa peine de prison, Tran Duc Thach a rejoint la Fraternité pour la Démocratie en avril 2013. Le 23 avril 2020, la police l’a arrêté dans la province de Nghe An. Il a été accusé de mener desactivités visant à « renverser le pouvoir populaire », en vertu de l’article 109 du code pénal. Tran Duc Thach est le 10ème membre de la Fraternité pour la démocratie à avoir été arrêté ces dernières années.

La Fraternité pour la Démocratie a été fondée en avril 2013 par le dissident Nguyen Van Dai et d’autres activistes, avec l’objectif de « défendre les droits humains reconnus par la Constitution vietnamienne et les conventions internationales ».

Sept membres de cette organisation – Truong Minh Duc, Nguyen Trung Ton, Nguyen Bac Truyen, Pham Van Troi, Tran Thi Xuan, Nguyen Van Tuc et Nguyen Trung Truc – purgent de longues peines de prison pour avoir prétendument mené desactivités visant à « renverser le pouvoir populaire », en vertu de l’article 79 du code pénal alors en vigueur. Deux autres membres, Nguyen Van Dai et Le Thu Ha, ont dû s’exiler en Allemagne après avoir purgé leurs peines de prison.

Human Rights Watch – 25 novembre 2020

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