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Covid : les musulmans enterrés en Birmanie selon leur rite grâce à des bénévoles

Il vit la plupart du temps dans un cimetière, isolé de sa famille. Depuis l’épidémie de coronavirus à Rangoun, la capitale économique de la Birmanie, Sithu Aung se consacre à l’enterrement des victimes musulmanes qui sans lui, seraient privées de rite islamique.

Ces derniers mois, ce jeune père et ses collègues bénévoles passent leurs journées à transpirer sous un équipement de protection pour récupérer les défunts dans les hôpitaux et les centres de quarantaine submergés de Rangoun.


Sans les efforts de l’équipe, les corps seraient incinérés, selon la tradition bouddhiste, – une pratique strictement interdite par la loi islamique.
Les morts reçoivent à la place de brèves funérailles dans un cimetière musulman célébrées par un imam local, en présence d’une poignée de parents qui se tiennent à l’écart.


« Je suis satisfait du bonheur de leurs familles et de savoir qu’Allah voit ce que nous faisons », déclare Sithu Aung à l’AFP.
« C’est pourquoi nous risquons nos vies pour faire ce travail » ajoute l’ancien commerçant.


La communauté musulmane de Rangoun compte environ 350.000 personnes – 7% de la population de la ville – et diverses associations musulmanes ont fourni aux volontaires trois ambulances, deux voitures et des vivres.


En tout, 15 personnes qui ont dû élire domicile dans des cabanons installés dans le cimetière, louer une chambre alentours étant exclu compte tenu de leur métier et de la peur qui entoure le virus.
Vêtus de combinaisons de protection, de gants en caoutchouc, de lunettes et d’écrans faciaux, ils sillonnent 24 heures sur 24 les rues encombrées de Rangoun, sirènes hurlantes.

« Nous pleurons aussi sous nos lunettes » –
Longtemps relativement épargnée, la Birmanie connaît un pic épidémique depuis l’automne, et compte maintenant plus de 100.000 cas et plus de 2 000 morts.
Sithu Aung et son équipe collectent entre 3 et 4 corps par jour, travaillant en alternance par périodes de 2 semaines, espacées d’une semaine d’isolement auprès de leurs familles. Il y retrouve sa femme et son fils d’un an.


Lorsque la ville a été confinée pour la première fois en avril, il a choisi de ne pas parler à sa famille de ses projets de bénévolat.
« Si je leur avais fait savoir, ma mère et ma femme ne m’auraient pas laissé faire », admet-il, ajoutant que sa famille lui rendait parfois visite au cimetière – mais en gardant leurs distances.


Sithu Aung a aidé à enterrer la toute première victime du coronavirus du pays, un musulman de 69 ans, et se souvient de sa peur de toucher le corps.
Après avoir aidé des dizaines de victimes du coronavirus, la peur l’a quitté et a laissé la place à des émotions fortes.
« Je suis désolé que les membres de la famille ne puissent pas voir les visages de leurs proches », dit-il, trempé de sueur après avoir retiré plusieurs couches d’équipements de protection.
« Certains jours, nous pleurons aussi sous nos lunettes. »

Agence France Presse – 10 décembre 2020

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