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Au Vietnam, une femelle redonne espoir pour la tortue la plus menacée au monde

Au Vietnam, des scientifiques ont annoncé avoir retrouvé une femelle appartenant à l’espèce Rafetus swinhoei ou tortue géante à carapace molle du Fleuve rouge. Un an après la mort de la dernière femelle connue, la découverte redonne espoir pour ce reptile en danger critique d’extinction.

La tortue géante à carapace molle du Fleuve rouge va-t-elle échapper à l’extinction ? C’est ce qu’espèrent des scientifiques qui oeuvrent depuis plusieurs années au Vietnam pour tenter de sauver cette espèce classée en danger critique par l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN).

Avec une longueur supérieure à un mètre et une masse dépassant les 100 kg, cette espèce est la plus grande tortue d’eau douce au monde. Elle est reconnaissable à son nez semblable au groin d’un cochon et à sa face marbrée, qui lui ont valu d’être décrite comme « l’une des plus belles espèces de la famille des Trionychidae » lors de sa découverte au XIXe siècle.

Une tortue presque complètement disparue

A l’époque, l’animal était relativement répandu dans les cours d’eau asiatique. On le retrouvait notamment en Chine et au Vietnam dans le fleuve Rouge, le fleuve Yangzi et le lac Tai. Mais la tortue a depuis presque complètement disparu, décimée par la chasse, la pollution et la destruction de son habitat naturel.

A peine quatre spécimens étaient répertoriés en 2019. Alors que des scientifiques avaient déjà entamé des efforts pour tenter de sauver l’espèce, ils ont subi un dur revers cette même année. Au mois d’avril, ils ont annoncé la mort de la dernière femelle connue, un spécimen d’environ 90 ans qui résidait au zoo de la ville de Suzhou.

Depuis 2008, plusieurs inséminations artificielles avaient été tentées sur la femelle pour venir en aide à l’espèce, sans succès. Avec son décès, ce sont donc de grands espoirs qui se sont envolés. Mais une lueur demeurait. Les spécialistes espéraient en effet encore retrouver de rarissimes spécimens sauvages.

Une femelle découverte dans un lac

C’est désormais chose faite. En octobre dernier, une expédition est parvenue à capturer une tortue dans le lac Dong Mo au Vietnam. Trois mois après, des analyses génétiques ont confirmé qu’il s’agissait bien d’une femelle Rafetus swinhoei. Le spécimen en question mesure un mètre de long, pèse 86 kilogrammes et semble en parfaite santé.

« C’est la meilleure nouvelle de l’année (2020), et très probablement de la dernière décennie, pour la conservation mondiale des tortues« , s’est réjoui dans un communiqué Andrew Walde de l’ONG Turtle Survival Alliance qui participe au projet aux côtés d’autres organisations dont la Wildlife Conservation Society (WCS) et des autorités vietnamiennes.

« Dans une année pleine de mauvaise nouvelles et de tristesse à travers le monde, la découverte de cette femelle peut nous offrir l’espoir d’offrir à cette espèce une autre chance de survie« , a réagi pour sa part, Hoang Bich Thuy, directeur du WCS Vietnam. Il a fallu plusieurs semaines à l’équipe pour repérer la tortue dans les 1.400 hectares du lac.

Après l’avoir examinée et lui avoir implantée une micropuce, la femelle a été relâchée aussitôt dans la zone où elle avait été trouvée. Et les bonnes nouvelles pourraient ne pas s’arrêter là. Selon le rapport réalisé par l’équipe, un second animal d’une masse estimée à 130 kg aurait été repéré dans le lac Dong Mo.

Un mâle et une femelle bientôt réunis ?

Difficile d’en savoir plus pour le moment mais l’équipe prévoit de retourner sur place au printemps 2021 – lorsque le niveau de l’eau aura baissé – pour capturer l’individu et déterminer son sexe. Les spécialistes espèrent évidemment qu’il s’agisse d’un mâle Rafetus swinhoei, offrant un espoir de reproduction avec la femelle récemment trouvée.

Des analyses réalisées dans le lac Xuan Khanh voisin suggèrent qu’une tortue pourrait aussi s’y trouver. Mais sa présence reste à confirmer. « Une fois que nous connaitrons le sexe des animaux, nous pourrons élaborer un plan clair sur les prochaines étapes », a expliqué Timothy McCormack, directeur du programme Asian Turtle Program of Indo-Myanmar Conservation, également impliqué.

« Avec un peu de chance, nous aurons un mâle [et une] femelle. La reproduction et le rétablissement de l’espèce deviendront alors une vraie possibilité« , a-t-il ajouté. Et l’équipe n’écarte pas la possibilité que d’autres tortues puissent subsister à d’autres endroits au Vietnam. Tout ne semble donc pas perdu pour Rafetus swinhoei.

Par Emeline Férard – Géo Magazine – 20 janvier 2021

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