Grève générale en Birmanie : mobilisation monstre contre le pouvoir militaire
Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue à travers le pays lundi lors d’une journée de grève générale contre le pouvoir militaire malgré les mises en garde des autorités et la répréssion violente du week-end.
Une mobilisation sans précédent en Birmanie. Des centaines de milliers de personnes sont descendues dans la rue, lundi 22 février, pour manifester contre le pouvoir militaire en Birmanie.
Les commerces ont fermé leurs portes dans le cadre d’une grève générale et les manifestants se sont rassemblés à travers le pays, malgré l’avertissement effrayant de la junte qui a prévenu qu’une confrontation coûterait des vies supplémentaires.
Trois semaines après avoir pris le pouvoir et emprisonné la dirigeante démocratiquement élue, Aung San Suu Kyi, l’armée n’a pas réussi à endiguer le mouvement de contestation et les manifestations quotidiennes, dont l’une des revendications est la libération de la lauréate du prix Nobel de la paix.
Deux manifestants ont été tués samedi à Mandalay après que la police a ouvert le feu pour disperser la foule, tandis qu’ont été organisées dimanche les funérailles de la jeune manifestante ayant succombé à ses blessures après avoir été touchée à la tête le 9 février, devenant un symbole de la résistance.
« Nous devons sortir [dans les rues] », déclareé San San Maw, 46 ans, présente au carrefour devenu le principal lieu de rassemblement à Rangoun, la principale ville birmane. « Tout le monde se joint [au mouvement] ».
La junte menace
La presse officielle a prévenu lundi les manifestants des risques qu’ils encouraient. « Les manifestants incitent désormais la population, en particulier les adolescents et les jeunes sensibles, sur une voie de la confrontation dans laquelle ils perdront la vie », dit-elle.
Htet Htet Hlaing, âgée de 22 ans, dit avoir peur avant de prendre part aux manifestations de lundi, mais assure qu’elle ne se découragerait pas. « Nous ne voulons pas de la junte, nous voulons la démocratie. Nous voulons créer notre propre future »,dit-elle.
Des habitants de Rangoun ont rapporté que les routes menant à certaines ambassades, dont l’ambassade des États-Unis, étaient bloquées lundi matin, alors que les missions diplomatiques sont devenues des points de ralliement des manifestants qui appellent à une intervention étrangère.
À en croire l’Association d’aide aux prisonniers politiques, 640 personnes ont été arrêtées depuis le putsch. Parmi les personnes ciblées figurent notamment des cheminots, des fonctionnaires et des employés de banque qui ont cessé de travailler par solidarité avec l’opposition à la junte.
Facebook suspend le compte principal de la junte
Dans la nuit de dimanche à lundi, les autorités ont restreint drastiquement l’accès à Internet et ce pour la huitième nuit consécutive, selon NetBlocks, un observatoire spécialisé installé au Royaume-Uni.
Facebook a de son côté annoncé avoir bloqué le compte principal de l’armée. Sur les réseaux, les généraux ont justifié leur putsch et allégué des fraudes lors des élections de novembre, remportées massivement par le parti d’Aung San Suu Kyi, l’ancienne cheffe du gouvernement civil.
L’escalade des tensions a provoqué de nouvelles condamnations internationales, dénoncées dimanche soir par le ministère birman des Affaires étrangères comme une « ingérence flagrante » dans les affaires intérieures du pays.
« Malgré les manifestations illégales, les incitations aux troubles et à la violence, les autorités [birmanes] font preuve de la plus grande retenue en ayant recours le moins possible à la force pour faire face aux perturbations », a affirmé le ministère dans un communiqué.
Le secrétaire général de l’ONU, Antonio Guterres, a appelé lundi l’armée birmane à « arrêter immédiatement la répression », au moment où les Européens doivent discuter de sanctions.
« Aujourd’hui, j’appelle l’armée birmane à arrêter immédiatement la répression. Libérer les prisonniers. Mettre fin à la violence. Respecter les droits humains et la volonté du peuple exprimée lors des récentes élections », a demandé Antonio Guterres dans une vidéo préenregistrée et diffusée à l’ouverture de la 46e session du Conseil des droits de l’Homme de l’ONU.
France 24 TV avec Agence France Presse et Reuters – 22 février 2021
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