La Malaisie expulse plus d’un millier de migrants vers la Birmanie
Saisie par des organisations de défense des droits humains, la Haute Cour de Kuala Lumpur a ordonné aux autorités de suspendre temporairement cette expulsion. En vain.
Trois semaines après le coup d’Etat à Naypyidaw, où la junte a pris le pouvoir, début février, la Malaisie a expulsé vers la Birmanie 1 086 personnes, parmi lesquelles des membres de minorités vulnérables, a annoncé, mardi 23 février, le chef des services de l’immigration malaisien, Khairul Dzaimee Daud. Elles ont été renvoyées à bord de trois bâtiments militaires birmans venus les chercher sur une base de la côte occidentale de la Malaisie.
« Le ministère de l’immigration tient à souligner qu’aucun migrant rohingya et aucun demandeur d’asile n’ont été renvoyés », a précisé le chef des services de l’immigration malaisien dans un communiqué. « Tous ceux qui ont été expulsés ont accepté de rentrer de leur plein gré, sans y être forcés. »
Minorités vulnérables
Le communiqué ne mentionne pas l’arrêt rendu quelques heures plus tôt par la Haute Cour de justice, à Kuala Lumpur, qui, saisie par Amnesty International et Asylum Access, a ordonné mardi aux autorités de suspendre temporairement cette expulsion. Les organisations non gouvernementales se sont inquiétées de la possible présence de demandeurs d’asile et de membres de minorités vulnérables parmi les migrants expulsés. Les Etats-Unis et avaient également critiqué cette opération.
Les Etats-Unis et l’Organisation des Nations unies (ONU) ont critiqué cette expulsion et ont demandé que le Haut-Commissariat pour les réfugiés (HCR) puisse avoir accès aux prisonniers afin de vérifier si certains sont des demandeurs d’asile. Selon l’ONU, au moins six personnes sont enregistrées auprès du HCR et doivent bénéficier d’une protection internationale.
« Cette démarche pour empêcher l’expulsion se fonde sur des informations provenant de groupes de réfugiés indiquant manifestement qu’il y a des demandeurs d’asile et des réfugiés parmi les personnes renvoyées en Birmanie (…). Les violations des droits humains commises par l’armée birmane contre des manifestants et des opposants ont été largement documentées », a affirmé Katrina Jorene Maliamauv, directrice générale d’Amnesty International en Malaisie.
La Malaisie avait exprimé sa « sérieuse préoccupation » après le coup d’Etat en Birmanie, mais, quelques jours plus tard, des informations ont fait état de son accord pour que la junte envoie des bâtiments de guerre récupérer les migrants détenus.
Les responsables malaisiens affirment que les personnes expulsées ont commis des infractions, comme celle d’avoir des visas périmés. Parmi ces personnes se trouvent des membres de la minorité chrétienne et d’autres des Etats Kachin et Shan, selon Lilianne Fan, directrice internationale de la fondation Geutanyoe, qui travaille avec des réfugiés.
La Malaisie accueille des millions de migrants des régions les plus pauvres d’Asie – notamment de Birmanie, du Bangladesh et d’Indonésie –, qui travaillent pour des salaires de misère, en particulier dans le secteur du bâtiment.
Le Monde avec Agence France Presse – 23 février 2021
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