La responsabilité des multinationales de l’énergie engagées après le coup d’Etat
Depuis que l’armée birmane a renversé le gouvernement démocratiquement élu du pays le 1er février, de nombreux activistes nationaux et étrangers ont demandé aux entreprises étrangères de couper les liens avec l’empire commercial tentaculaire des généraux.
Justice pour la Birmanie exhorte les entreprises étrangères qui ont investi dans les lucratifs gisements de gaz du pays à se retirer de leurs partenariats avec l’entreprise publique Myanmar Oil and Gas Enterprise, y compris les grands groupes pétroliers internationaux Chevron et Total.
« Si les choses continuent comme avant, les investisseurs étrangers dans le gaz birman financeront un régime militaire illégitime et brutal comme ils le faisaient avant 2011, lorsque le pays était sous un régime militaire complet », a déclaré la semaine dernière le collectif «Justice pour la Birmanie»
« Le coup d’État militaire n’a laissé aux compagnies pétrolières et gazières internationales d’autre choix que de mettre fin à leurs relations avec MOGE et le gouvernement militaire qui la contrôle », estime les activistes de ce collectif
Total et Chevron
Le groupe français Total et la société américaine Chevron détiennent tous deux des parts importantes dans l’un des quatre plus grands gisements de gaz offshore de Birmanie, Yadana. Total, l’opérateur, détient 31% du projet et Chevron 28%. MOGE possède également une participation, en plus de son rôle de régulation de l’ensemble de l’industrie.
Le POSCO de Corée du Sud, le Petronas de Malaisie et le PTTEP de Thaïlande possèdent également des parts importantes dans les champs en partenariat avec MOGE.
Les entreprises d’État sont les principales sources de revenus de Birmanie, apportant environ la moitié des recettes annuelles du gouvernement. MOGE est de loin la plus importante, avec un revenu d’environ 1,32 milliard de dollars au taux de change actuel pour l’exercice 2016-17 selon le Natural Resource Governance Institute, un groupe de recherche américain.
Silence de Total
Malgré tous ces mystères, les gisements de gaz rapportent toujours beaucoup au budget de l’État, en aidant à couvrir non seulement une partie des coûts de l’armée, mais aussi à payer une foule de services sociaux. La fermeture de l’un de ces gisements aurait pour effet de réduire ce budget. La direction de Total, interpellée, n’a pour l’heure pas répondu.
Gavroche-thailande.com – 1er mars 2021
Articles similaires / Related posts:
- Telenor va-t-il quitter la Birmanie ? L’opérateur de télécommunications norvégien Telenor a annoncé le 2 juin dernier que « au regard de la situation en Birmanie, le groupe Telenor est en cours d’évaluation de différentes options concernant sa présence dans le pays ». ...
- Nestlé se retire à son tour de Birmanie Le géant suisse de l’agroalimentaire Nestlé va cesser toute production en Birmanie, a affirmé lundi un porte-parole du groupe, qui imite ainsi d’autres entreprises étrangères depuis le coup d’État de février 2021....
- Trois banques asiatiques autorisées à ouvrir des agences Depuis 2014, le marché bancaire birman s’ouvre aux banques étrangères par le biais de licences d’exploitations – de succursales ou de filiales – émises par la Banque Centrale de Birmanie (BCB)....
- Les limites du petit business de la consultation locale La méthode semblait bien rodée : une entreprise dépose un projet d’investissement dans une zone rurale, rencontre les communautés locales et leur promet monts et merveilles – emplois, école, hôpital, routes…...
- Total accusé de financer la junte militaire birmane à travers des comptes offshore La compagnie pétrolière française exploite un gisement de gaz au large des côtes birmanes depuis 1998. Documents à l’appui, « le Monde » révèle ce mardi 4 mai comment Total financerait les généraux de la junte militaire en Birmanie....