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La Thaïlande, terre d’exode des Birmans fuyant la répression

Des habitants de Rangoun fuient en nombre la principale ville du pays. La Thaïlande voisine se prépare à un afflux de réfugiés.

Près de 230 civils ont été tués à travers le pays depuis le coup d’État militaire du 1er février. Le bilan pourrait être beaucoup plus lourd, des centaines de personnes arrêtées étant détenues au secret et portées disparues. Deux des cinq millions d’habitants de Rangoun, la capitale économique, sont soumis à la loi martiale. Et certains quartiers sont tombés dans le chaos, avec des affrontements violents entre armée et manifestants.

Du coup, l’exode s’intensifie. Un des principaux axes pour sortir de la ville était totalement congestionné, hier, de véhicules pleins à craquer, les habitants entassant leurs affaires jusque sur les toits, d’après des images diffusées par un média local.

« Je rentre chez moi dans l’État Rakhine, dans l’ouest du pays, a confié une jeune femme. Je ne dors plus la nuit. Dans mon quartier, les forces de sécurité ont enlevé des gens et les ont torturés. »

De nouvelles victimes

Sur les réseaux sociaux, beaucoup d’internautes encourageaient la population à partir, car « la situation dans la ville est effrayante ». « C’était beaucoup trop stressant de vivre à Rangoun », a raconté un jeune orfèvre qui a réussi à gagner Kyaukpyu, une ville côtière à plus de 600 kilomètres de là.

De l’autre côté de la frontière, les autorités thaïlandaises se préparent à recevoir un afflux de réfugiés. « Nous sommes en mesure d’en accueillir de 30 à 50 000 », a indiqué le gouverneur de la province de Tak, Pongrat Piromrat. Quelque 90 000 réfugiés birmans vivent déjà le long de la frontière poreuse de 1 800 kilomètres qui sépare les deux pays, après avoir fui des décennies de guerre civile entre l’armée et des factions rebelles. Des Birmans ont également gagné ces dernières semaines l’Inde voisine, alors que les forces de sécurité poursuivent sans relâche leur répression. Hier, au moins deux manifestants ont été abattus dans le centre du pays, d’après un employé des pompes funèbres qui craint un bilan plus lourd.

Des sanctions internationales annoncées lundi

Les généraux de la junte font la sourde oreille aux multiples condamnations internationales, et font fi des sanctions imposées par les États-Unis, l’Union européenne et le Royaume-Uni. Bruxelles va annoncer lundi de nouvelles mesures coercitives sur les intérêts économiques de militaires ciblés, a-t-on appris auprès du ministre français des Affaires étrangères Jean-Yves Le Drian. À Genève, les experts des droits de l’homme de l’ONU envisagent que les États s’appuient sur le principe de la compétence universelle pour poursuivre les soldats « responsables d’actes pouvant constituer des crimes contre l’humanité ».

L’Union – 19 mars 2021

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