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Hanoï, c’est fort de café !

À la différence du café aux États-Unis que l’on prend sur le pouce, de celui en France de consistance plutôt légère, de celui en Italie très parfumé, le café au Vietnam, à Hanoï en particulier, est un breuvage fort qui se savoure.

Le café a été introduit au Vietnam dans les années 1850 par des colonialistes français. Puis, avec la formation des rues françaises et l’installation des Français à Hanoï, ces derniers y ont apporté leur breuvage préféré. C’est ainsi que le café a fait ses premiers pas dans les rues aux alentours du lac Hoàn Kiêm (lac de l’Épée restituée).

Vers les années 1950, des cafés « à la vietnamienne » ont commencé à voir le jour au centre-ville, comme ceux de Giang et de Lâm, proposant une boisson adaptée au goût des populations locales. Le café vietnamien est ainsi torréfié avec de l’huile d’avocat, lui donnant une consistance un peu plus grasse et pour qu’il ne brûle pas. Pour renforcer sa saveur, on procède également au mélange subtil entre le café arabica et le café robusta.

Les premiers cafés dans la capitale, disparus ou encore ouverts, restent toujours dans la mémoire des Hanoïens, surtout des plus âgés. 

Quartet pour le café

Le café est aujourd’hui omniprésent au Vietnam, surtout à Hanoï où les amateurs en dégustent lentement, contrairement aux États-Unis avec leur culture de fast food, à la France où le café se boit plutôt léger ou à l’Italie où la boisson est très parfumée. Comme le disent souvent les jeunes : « Hà Nôi không vôi đuoc đâu » (littéralement en français « À Hanoï, on ne se presse pas« ), prendre sur le pouce une tasse de café n’est pas du style des amateurs de nectar noir de la capitale.

Avec le thé, le café fait partie des boissons les plus consommées à Hanoï, dont les rues grouillent à l’heure actuelle de ce type d’établissement de tout genre. Les amateurs de café qui se respectent connaissent le fameux Quartet : Nhân, Lâm, Nang, Giang, tous créés il y a 60-70 ans, demeurant avec le temps les plus populaires de la capitale.

Si Nhân est devenu le plus moderne parmi ces quatre « grandes puissances », proposant non seulement un excellent café à la saveur unique mais aussi d’autres boissons et casse-croûte, Lâm garde toujours son surnom « un coin des souvenirs de Hanoï », offrant une ambiance des plus paisibles pour celles et ceux qui entendent savourer un café dans le calme. Pour sa part, Giang est connu depuis sa création pour son grand « cru » à l’œuf, tandis que Nang prépare un café très puissant et concentré, pour le grand plaisir des amateurs de sensations fortes.

De multiples choix

Hormis ce Quartet pour le café, Hanoï compte également d’autres établissements non moins réputés.

Ðinh est niché au premier étage d’une ancienne maison d’architecture française dans la rue Ðinh Tiên Hoàng, en face du lac Hoàn Kiêm, au cœur de Hanoï. Pour s’y rendre, on doit traverser une boutique de sacs au rez-de-chaussée. La meilleure place se trouve sur le balcon, offrant une vue magnifique sur le lac. À la différence de la plupart des cafés et autres services au Vietnam, qui considère que le client est roi, ici, tout le monde doit respecter la même règle d’or : interdiction de parler fort.

Pas loin de Ðinh, le Cà phê phô cô (Café du Vieux quartier), situé à Hàng Gai, est considéré comme un îlot paisible au milieu du tumulte de cette rue de la soie. Il est presque essentiellement fréquenté par des clients fidèles en quête de tranquillité et de nostalgie. Dans cette ancienne maison ornée de tableaux d’écritures transversales, de sentences parallèles et d’un jardin de bambous, le tout bercé par le piaillement occasionnel des poulets dans la cour, on a l’impression que le temps s’est arrêté.

Pour les établissements plus modernes, on peut noter ces cafés se trouvant autour des lacs de Thiên Quang, de Trúc Bach et de l’Ouest (Hô Tây), ou encore dans les rues Triêu Viêt Vuong et Nguyên Huu Huân, qui offrent pour la plupart une ambiance et des vues romantiques, cadre idéal pour les rendez-vous amoureux. Certains proposent également des livres pour les amateurs de lecture ou des numéros de chants pour une ambiance plus « lounge ».

De plus en plus nombreux sont ceux qui ne vendent que du café à emporter et qui ne semblent cibler que les plus jeunes.

Enfin, pour une expérience « haut de gamme », pourquoi ne pas se rendre au sommet des hôtels Deawoo, Sofitel Plaza, Citiview ou encore Hàm Cá Mâp (La mâchoire du requin) pour déguster un petit noir et contempler cette ville millénaire qui, animée en journée et scintillante la nuit, voue un amour sans filtre à ce breuvage intemporel.

Par Mai Quynh & Ngô Hà – Le courrier du Vietnam – 21 mars 2021

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