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La Briançonnaise Laurie Phaï espère faire les J.O. de Tokyo sous la bannière du Cambodge

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Laurie Phaï se construit un destin hors du commun. Après 7 années en équipe de France de tennis de table, la Briançonnaise d’adoption s’est mise à la course à pied avec une certaine réussite. Elle vise aujourd’hui les prochains Jeux Olympiques où elle représenterait le Cambodge, le pays de son père

Tous les matins, 6 jours sur 7, Laurie Phaï part s’entraîner aux alentours de Briançon. Séances d’endurance, de fractionné ou au seuil. Entre 80 et 100 kilomètres de course à pied chaque semaine. Un programme intense avec en ligne de mire, une participation au prochain marathon des Jeux Olympiques de Tokyo cet été.

« Pour se qualifier aux Jeux, les minimas sont fixés à 2h29’30” », explique Laurie Phaï. « Mon record personnel est de 3h10′, sur le seul marathon auquel j’ai participé à Valence (Espagne) en 2019. Mais pour les « petits pays » comme le Cambodge, la charte olympique prévoit d’inviter quelques athlètes qui ne respectent pas ces minimas, au nom du critère d’universalité ».

3 ou 4 athlètes devraient représenter le Cambodge

Pour l’heure, rien ne garantit à la jeune femme de 32 ans sa présence au Japon. « J’ai eu le comité olympique cambodgien au téléphone il y a peu et tout dépendra du nombre d’invitations qu’ils recevront du CIO (Comité International Olympique). A Rio en 2016, le Cambodge avait pu envoyer 7 athlètes mais cette année, le nombre est plus restreint. Entre 3 et 4 sportifs. S’ils obtiennent les 4 places, ils me prendront. Si c’est moins, ils ne comptent  envoyer que de jeunes nageurs ».

En attendant, Laurie s’accroche à son rêve. Le 7 août prochain, elle pourrait devenir la deuxième cambodgienne à participer au marathon olympique. Il y a quatre ans au Brésil, Nary Ly avait pris la dernière place de l’épreuve mythique en 3h16′. Une marque qu’elle voudrait faire tomber.

« J’espérais passer la barre des 3h et me rapprocher du record du Cambodge (2h59”) à Rotterdam en avril 2020 mais la compétition a été annulée. Depuis, avec la crise sanitaire, les marathons sont réservés aux professionnels. Du coup, je n’ai plus fait de courses sur route depuis fin 2019. Mais ça reste effectivement un objectif » assure la 2ème du dernier Serre Che Snow Trail.

Pongiste en équipe de France pendant 7 ans

Avant de se mettre à la course à pied, Laurie Phaï a déjà connu une riche carrière au plus haut niveau en… tennis de table. Née en 1986 à Montpellier, elle intègre l’INSEP à 15 ans et va passer 7 années en équipe de France. Mais alors qu’elle se prépare pour les Jeux Olympiques de Pékin en 2008, la fédération naturalise une chinoise pour augmenter ses chances de résultats. C’en est trop pour la pongiste de 23 ans qui décide de mettre un terme à sa carrière internationale fin 2007.

Aujourd’hui, Laurie Phaï n’est plus inscrite sur la liste des sportifs de haut-niveau. Maman d’un petit Antoine, 8 ans, elle travaille à 60% au service des Ressources Humaines de la fondation Edith Selzer à Briançon. C’est le moyen qu’elle a trouvé pour se dégager du temps pour pouvoir s’entrainer.

Elle commence la course à pied en compétition à 27 ans !

Ses débuts en course à pied remontent à 2013. « Suite au décès de mon deuxième enfant à la naissance, je me suis mise à courir. C’était le plus simple. Une paire de baskets et je pouvais m’évader quelques temps. J’ai ensuite participé à quelques trails et les résultats ont vite suivi ».

Laurie Phaï découvre le Cambodge en 2017

En 2016, Laurie Phaï est repérée par Ludovic Collet, le célèbre speaker de l’Ultra Trail du Mont-Blanc et qui est aussi entraîneur. L’athlète haut-alpine se rappelle. « Je fais 3ème d’une course et à la fin, il me demande d’où je viens, mon parcours, etc. Je lui raconte que j’ai des origines cambodgiennes de par mon papa. Et lui tilte tout de suite et me dit : tu devrais aller faire le trail au Cambdoge. C’est organisé par des Français. Et du coup, en janvier 2017, je me retrouve à courir dans les temples d’Anghor. Je gagne le 32 km et c’est là qu’un journaliste français installé sur place me dit que ma bi-nationalité pourrait intéresser le comité national olympique ».

Depuis, la jeune mère de famille n’a plus raté une édition du trail d’Anghkor. Elle a même représenté le Cambodge aux championnats du monde de trail en juin 2019 au Portugal. Une compétition où elle a dû tout organiser elle-même. « J’ai pu payer mon billet d’avion, mon inscription et mes frais sur place grâce à mes sponsors et à un financement participatif. C’était vraiment un moment extraordinaire ».

Son père a fui le pays à cause des Khmers rouges

Laurie ne regrette pas tous ces efforts. Elle est même prête à remettre ça pour les Jeux Olympiques. « Représenter le Cambodge m’a beaucoup rapproché de mon père. La première fois que nous sommes retournés ensemble au Cambodge, ça a été beaucoup d’émotions. Mon père avait dû fuir le pays en 1978 pendant la guerre des Khmers rouges. Il y a perdu toute sa famille. Ses parents et ses sœurs ont été assassinés. Pour lui, ce ne sont pas que des bons souvenirs mais il est fier que je porte aujourd’hui les couleurs de son pays d’origine ».

Il va maintenant falloir croiser les doigts et espérer que Laurie Phaï puisse continuer à vivre ses rêves. La décision de sa sélection pour le marathon olympique de Sapporo devrait tomber le 20 mai prochain.

Par Fabien Madigou – France 3 Tv – 22 avril 2021

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