Dans le nord du Vietnam, le football au féminin chez les San Chi
Dans leur village de Huc Dong, au nord du Vietnam, à 40 km de la frontière chinoise, May Thi Kim et ses équipières se sont mises au football il y a seulement cinq ans, mais elles sont vite devenues des célébrités nationales dans un pays fou de ballon rond.
Et pour cause: elles disputent leurs matches dans la tenue traditionnelle de leur ethnie, les San Chi, avec de longues jupes noires, des chemises bleues et des bandeaux verts pour retenir leurs cheveux.
« Il n’y a aucune différence entre jouer un match en habit traditionnel ou en tenue sportive », assure à l’AFP May Thi Kim, avant une rencontre face à l’équipe féminine du village voisin de Luc Ngu sur un terrain de graviers.
La Thi Thao, 15 ans, reconnaît volontiers que la tenue traditionelle, même plus ample pour faciliter la pratique sportive, n’est pas la plus confortable pour jouer au football, mais « elle aide les gens, y compris les touristes, à mieux nous comprendre ».
Si chaque match de leur équipe attire la plupart des 2.000 habitants de leur village, May Thi Kim, La Thi Thao et leurs équipières ne sont pas des joueuses professionnelles, loin de là.
Il se passe parfois plusieurs mois entre deux de leurs matches, ou même de leurs séances d’entraînement.
Elles s’occupent des tâches domestiques et de leur famille, elles passent de longues et harassantes journées les pieds dans l’eau pour cultiver les rizières et en forêt pour récolter cannelle et anis étoilé après avoir marché pendant des heures à travers les collines.
Malgré leur robustesse, leurs débuts comme joueuses de football n’ont pas été des plus faciles.
« J’avais mal partout quand j’ai commencé », raconte May Thi Kim qui se souvient avoit fait des bains dans une eau chaude salée et avec des plantes médicinales pour soulager ses jambes après les premiers entraînements.
Leur entraîneur May A Cang avoue qu’il a réfléchi à deux fois avant de prendre la direction de l’équipe où évolue aussi sa femme.
« Je pensais que si elle jouait (au football), elle pourrait se blesser et elle ne pourrait plus aller travailler dans les champs », admet May A Cang.
Mais sa femme a vite dissipé ses doutes: « Elle m’a dit qu’elle s’entraînerait et saurait bien jouer au football ».
May Thi Kim est catégorique: « Même si on se fait mal, on l’accepte, car nous aimons le football ».
Agence France Presse – 25 avril 2021
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