Thaïlande: trois journalistes et deux militants birmans menacés d’être renvoyés en Birmanie
Trois journalistes et deux militants birmans ont été arrêtés dimanche soir en Thaïlande où ils s’étaient réfugiés pour fuir la répression de la junte. Inculpés pour être entrés illégalement dans le pays, ils risquent d’être renvoyés en Birmanie où, selon leur journal, leur vie est menacée.
Les trois journalistes et deux militants birmans ont été interpellés dimanche à Chiang Mai, dans le nord de la Thaïlande. Les trois journalistes travaillent pour Democratic Voice of Burma, DVB, un média indépendant auquel les militaires avaient retiré sa licence en mars, quelques semaines après le coup d’État. Ils devaient comparaître ce mardi devant un tribunal, mais l’audience est reportée de six jours, selon les informations de la BBC.
Un grand nombre de ses journalistes se cachent, mais DVB continue à diffuser sur les réseaux sociaux des reportages sur la mobilisation anti-junte et la répression meurtrière des forces de sécurité birmanes. La semaine dernière, la junte a interdit à quiconque de posséder des satellites de diffusion, un pas supplémentaire pour empêcher les reportages de DVB de parvenir aux Birmans dans le pays.
Pas signataire de la Convention relative au statut des réfugiés
Depuis le mois de février, de nombreux journalistes ont franchi la frontière du pays voisin et jusqu’à présent, les autorités thaïlandaises fermaient les yeux sur la présence de ces réfugiés. Le club des correspondants de presse étrangers en Thaïlande a déclaré que « le monde entier observait ce qu’allaient faire les autorités thaïlandaises dans cette affaire importante pour la liberté de la presse ».
De nombreux militants vivent depuis des années en Thaïlande. Mais le pays n’est pas signataire de la Convention relative au statut des réfugiés, et a déjà par le passé renvoyé des groupes de dissidents dans leur pays, bien qu’ils encourent de lourdes peines, voire des peines de mort.
Au moins 70 journalistes birmans ont été arrêtés depuis le coup d’État. Cinquante d’entre eux seraient toujours en détention. La moitié de ces journalistes a déjà été inculpée, accusée la plupart du temps d’avoir « semé le trouble », selon l’AAPP, une ONG locale qui recense les exactions commises par les forces de sécurité birmanes.
Radio France Internationale – 11 mai 2021
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