Des détonateurs et plus d’une tonne d’explosif saisis à la frontière indo-birmane
L’approvisionnement et la logistique constituent deux des défis majeurs que les nombreux groupes auto-proclamés des Forces défense du peuple (FDP) doivent résoudre s’ils veulent l’emporter dans leur lutte contre l’armée régulière birmane.
C’est également un problème important des mouvements ethniques combattants que ceux-ci résolvent tant bien que mal, souvent en ayant recours à des trafics illégaux, tels que les drogues, afin de financer leurs activités militantes.
Pour les FDP, les difficultés commencent par trouver les fonds pour acquérir armes et munitions, puis trouver des vendeurs et ensuite acheminer ce matériel à bon port et le conserver en bon état de fonctionnement. Autant d’étapes qui ouvrent la possibilité de pièges, saisies ou d’interceptions. Surtout que les pays voisins de la Birmanie sont peu enclins à collaborer avec le gouvernement « fantôme » (NUG) ou avec les FDP, soit pour des raisons de liens entre des personnes – la Thaïlande – ou des raisons politiques – la Chine, le Laos – ou l’inquiétude que les mouvements insurgés de Birmanie débordent sur leur territoire et exportent ces insurrections, dans un cadre ethnique par exemple.
3 000 détonateurs spéciaux, 925 détonateurs électriques
Ce dernier cas est celui de l’Inde, et si New Delhi ne reconnaît pas officiellement le gouvernement issu du coup de force militaire du 1er février 2021, il n’affiche pas non plus de sympathie pour les réfugiés fuyant les exactions de l’armée ou pour les milices ethniques opérant près de sa frontière.
C’est ainsi que dans le Mizoram, un état de la fédération indienne frontalier de l’état de Chin, le groupe paramilitaire des Assam Rifles a saisi mardi 22 avril un chargement considérable d’explosifs et d’armes probablement destiné à être introduit clandestinement en Birmanie. Un responsable des Assam Rifles a ainsi confié au quotidien indien The Hindu que son organisation pensait que « ces armes devaient sans doute renforcer la Chin national army (CNA), en lutte contre l’armée régulière birmane ». Les Assam Rifles, milice qui dépend à la fois des ministères de l’Intérieur et de la Défense, a également appréhendé deux individus durant l’intervention et leur interrogatoire devrait amener à d’autres opérations de police, estime toujours ce membre dirigeant local des Assam Rifles.
Parmi le matériel découvert, des armes à feu mais surtout quelque 3 000 détonateurs spéciaux, 925 détonateurs électriques, 2 000 mètres de fusée et plus de 1,3 tonne de dynamite ou équivalent. Comme souvent dans ce genre d’actions, les paramilitaires avaient reçu une information préalable. Voilà quelques jours, agissant également sur information, l’armée birmane a arrêté 13 personnes à Mandalay et saisi des armes, dont plusieurs fusils M-22, un fusil M-16, des munitions, un pistolet artisanal, des bombes artisanales, des grenades à main, des détonateurs, du TNT, un détecteur de mines… L’importance de ces saisies peut être interprétée comme l’efficacité des services de renseignements mais aussi comme un signe que les quantités d’armes entrants en Birmanie augmente et donc les saisies de même.
Lepetitjournal.com – 24 juin 2021
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