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Birmanie : pénurie de médecins et d’oxygène après six mois de junte militaire

Le 1er aout 2021, cela fera six mois que la junte militaire a pris le pouvoir dans le pays. En parallèle de la guerre civile, le pays affronte le variant Delta, la malnutrition, et une pénurie d’oxygène et de personnel médical, première cible des militaires.

Avec plus de 340 décès quotidiens recensés, et une moyenne de 5 300 contaminations par jour, la Birmanie fait face à une nouvelle vague d’ampleur. Portant le nombre total de décès du coronavirus à 8 210, selon l’ONU : un chiffre qui serait largement sous-évalué. L’épidémie s’aggrave alors que la situation dans le pays reste très tendue.

Six mois après le coup d’État de la junte militaire contre le gouvernement d’Aung San Suu Kyi, la résistance civile continue de se maintenir malgré la répression.

Les médecins ciblés par les militaires

Les médecins et les personnels de santé ont été parmi les premiers à s’opposer publiquement à la junte militaire à leur prise de pouvoir le 1er février 2021.

En réponse, ils sont devenus les cibles de l’armée. Près de 400 médecins soupçonnés de participer au Mouvement de désobéissance civile (CDM : Civil Disobedience Movement) ont reçu des mandats d’arrêt entre le 30 avril et le 7 mai 2021, selon l’ONG Physicians for Humans Rights. Une mesure qui s’est étendue les semaines suivantes à d’autres personnels de santé, comme les infirmiers.

Le personnel médical est également ciblé lors des manifestations, pendant les soins apportés aux civils. Des ambulances ont été détruites, des établissements de santé perquisitionnés, des étudiants en médecine et pharmacie visés, et des engins explosifs artisanaux utilisés contre des hôpitaux. Un acharnement qui amène à une pénurie de personnel médical, d’autant plus grave que l’on est en pleine urgence sanitaire.

Covid, manque d’oxygène et malnutrition

Mais c’est toute la société qui est touchée : les morts de la guerre civile se confondent avec ceux du Covid. Les corps s’entassent et il y a la queue devant les crématoriums. Le pays déplore un manque de soignants certes, mais aussi de lits, de vaccins ou encore de bouteilles d’oxygène. Des militaires de la junte confisquent aux frontières les bouteilles importées par des organismes caritatifs, alors qu’en ville, les habitants font des heures d’attente dans l’espoir de récupérer une des précieuses bombonnes pour leurs proches malades.

Le manque et les coupures d’oxygène se multiplient également dans les hôpitaux, comme samedi 24 juillet dernier, à Rangoon. Le système mural délivrant de l’oxygène aux personnes en insuffisance respiratoire se serait arrêté sans explication vers 3h30 du matin, faisant plus d’une vingtaine de morts selon le média local et indépendant Myanmar Now.

Et les difficultés ne s’arrêtent pas là. Depuis le putsch militaire de février, les progrès enregistrés ces dernières années contre la malnutrition et la pauvreté reculent, alors que les prix des denrées alimentaires augmentent. En avril, le Programme alimentaire mondial (PAM) avait prédit un triplement du nombre de personnes en malnutrition, allant jusqu’à 3,4 millions.

Le modèle des prisons

Une illustration terrible de la situation birmane : l’explosion des contaminations en prison où des milliers de personnes sont enfermés par la junte depuis le début de la contestation. Pour limiter la propagation du Covid-19 parmi les détenus, la junte aurait libéré près de 4 300 personnes selon Myanmar Now. Des prisonniers qui auraient été libérés sans aucune vérification de leur état de santé, alors que plus de 560 détenus auraient contacté la maladie depuis le début de la nouvelle vague.

Par Sophie Podevin – Radio France Inter – 29 juillet 2021

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