Erywan Yusof, nouvel envoyé spécial de l’Asean en Birmanie
Ce sera Erywan Yusof. Les ministres des Affaires étrangères de l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est (Asean, que Brunei préside en cette année 2021) sont finalement parvenus à un accord et ont nommé le deuxième ministre des Affaires étrangères du Brunei – c’est son titre officiel – au poste d’envoyé spécial en Birmanie.
C’est une petite défaite diplomatique pour le nouveau gouvernement birman, qui préférait l’ancien vice-ministre thaïlandais des Affaires étrangères, Virasakdi Futrakul, mais qui d’un autre côté a obtenu que son ministre des Affaires étrangères, Wunna Maung Lwin, assiste aux réunions du groupe. Ce que n’ont pas manqué de dénoncer les militants antimilitaires birmans qui rejettent ce nouveau gouvernement et lui nient le droit de représenter la Birmanie.
La nomination de cette envoyé spécial fait suite à la réunion d’urgence des dix membres de l’Asean le 24 avril dernier qui avait accouché d’un plan en cinq points dont la nomination d’un envoyé spécial, sa visite en Birmanie et l’ouverture sous sa houlette de discussions entre les divers protagonistes de la crise birmane. Depuis, ce processus est au point mort faute d’un accord entre les dix pays sur le nom de cet envoyé spécial. Après le coup de force militaire du 1er février 2021, les Nations unies, les États-Unis et la Chine, entre autres, s’étaient entendus pour dire que l’Asean était l’organisation la mieux placée pour mener les efforts diplomatiques visant à rétablir la stabilité en Birmanie.
Le Cambodge se soucie « des décès et des violences » en Birmanie
Mais l’Asean a un principe inaliénable de non-ingérence dans les affaires intérieures de ses membres et la totalité de ceux-ci sont en délicatesse avec les droits Humains, la liberté d’expression ou encore le respect de l’Etat de droit. En conséquence, mettre l’Asean au cœur de la solution à la crise birmane s’est de fait pour les pays dirigeant la planète entériner leur peu d’intérêt pour ce dossier. Certains observateurs ont d’ailleurs souligné le peu d’empressement de l’instance à se saisir du dossier qui lui a été confié. Ces dernières semaines, les Nations unies comme les États-Unis ont exhorté l’Asean à passer enfin à l’action alors que du côté birman cette passivité diplomatique convient parfaitement au pouvoir militaire et exaspère le gouvernement en exil, qui n’a pourtant d’autre choix que de s’y plier s’il veut obtenir un tant soit peu de reconnaissance internationale.
« Nous nous sommes félicitons de la nomination de M. Erywan Yusof en tant qu’envoyé spécial de l’Asean en Birmanie et il commencera son travail en instaurant la confiance avec un accès complet à toutes les parties concernées et en fournissant un calendrier clair sur la mise en œuvre du consensus en cinq points avant la prochaine réunion des ministres des Affaires étrangères de l’Asean », qui se tiendra en septembre, dit le communiqué officiel du groupe des ministres des Affaires étrangères. Lesquels expriment aussi « leur inquiétude quant à la situation » en Birmanie et disent avoir « entendu les appels à la libération des détenus politiques, y compris les étrangers ». Sans pour autant s’y associer. Car entendre le Vietnam, le Laos, le Cambodge, la Thaïlande ou même Singapour, l’Indonésie, la Malaisie réclamer la libération de prisonniers politiques serait pour le moins incongru… Déjà les entendre se soucier « des décès et des violences » en Birmanie a un côté presque indécent… L’Asean annonce aussi qu’elle va fournir une aide humanitaire à la Birmanie par le biais de son agence d’aide inter-gouvernementale, le Centre de coordination de l’aide humanitaire de l’Asean (Centre AHA).
« Nay Pyi Taw est prêt à coopérer avec l’envoyé spécial de l’Asean »
Erywan Yusof est donc chargé de servir de médiateur entre « toutes les parties » et de trouver une solution pacifique à la crise politique et humanitaire dans le pays. Il était l’un des deux émissaires brunéiens qui ont représenté l’Asean lors d’une visite à Nay Pyi Taw en mai dernier pour rencontrer le chef d’état-major Min Aung Hlaing et lui présenter des noms de candidats au poste d’envoyé spécial. Les deux émissaires avaient essuyé de fortes critiques pour avoir fait référence à Min Aung Hlaing par le titre qu’il s’était lui-même attribué de Président du Conseil administratif de l’État, alors le nom officiel du nouveau pouvoir, et qui n’est pas reconnu au plan international.
Le 1er août, Min Aung Hlaing avait par avance déclaré que « Nay Pyi Taw est prêt à coopérer avec l’Asean, y compris par un dialogue avec l’envoyé spécial en Birmanie ». Il avait aussi dit que les représentants internationaux pourraient constater les résultats des élections générales de 2020 dans les jours à venir.
Lepetitjournal.com – 6 août 2021
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