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Bientôt un métro à Nay Pyi Taw ?

Le 17 août dernier, à simplement écouter les discussions du Comité de développement de Nay Pyi Taw – l’équivalent d’un conseil municipal en France -, un observateur ne connaissant pas la Birmanie aurait eu du mal à croire que le pays traverse une crise économique et politique intense.

Le chef d’état-major Min Aung Hlaing, par ailleurs Premier ministre du gouvernement provisoire, a évoqué sa vision de la capitale de la Birmanie pour les années à venir. L’armée birmane déplore depuis longtemps que malgré son statut de capitale nationale, Nay Pyi Taw demeure une ville endormie que fonctionnaires, nationaux comme internationaux, et ambassades fuient et redoutent.

Inaugurée le 17 février 2006, Nay Pyi Taw est une agglomération presque sortie de rien, un village au préalable devenu une ville conçue pour pour accueillir jusqu’à 20 millions de personnes… et qui en héberge aujourd’hui moins d’un million ! Il faut dire qu’avec ses avenues aussi vides que larges, sont absence de transports en commun décents et des distances importantes entre quartiers, le lieu a tout du cauchemar urbain.

Ce dont Min Aung Hlaing est bien conscient… et qu’il veut voir changer. Dans son discours au Comité, il a insisté sur la responsabilité de l’État dans le développement économique et social du pays et donc de sa capitale. Il a regretté que Yangon ou Mandalay soient « des métropoles attractives » là où Nay Pyi Taw n’a pour l’instant rien à offrir.

Les Birmans ne savent pas construire les métros… les Chinois, si.

Min Aung Hlaing veut donc faire bouger tout cela. Il a expressément exigé que le Comité s’attelle à la réparation des trottoirs et à la rénovation des bâtiments publiques ou de certains lieux « dignes d’intérêt » comme « la pagode Uppatasanti, la pagode Thatta Thattaha, la pagode Maha Thakyayanthi et l’image de Bouddha en marbre de Maravijaya, ainsi que la fontaine et les jardins zoologiques qui peuvent attirer les touristes étrangers ».

L’homme fort de Birmanie a aussi digressé sur la situation exceptionnelle de la ville, « la région est située entre deux chaînes de montagnes, regorge de cours d’eaux, et la terre y est fertile ». En conséquence, estime le dirigeant, il faut renforcer la visibilité et l’attractivité des universités d’agriculture et de sciences vétérinaires. Tout cela devant être alimenté par de l’énergie renouvelable fournie par des installations solaires ou des barrages et réservoirs existants. Un accès sur à l’électricité devrait profiter à de nombreuses industries et en attirer d’autres, considère-t-il.

Mais il faut aussi du neuf pour attirer le chaland. Et le chef d’état-major a donc ordonné « la création d’un système de transport urbain moderne, doté de bus électriques pour les habitants et de stations de métro souterraines ». Il a tout spécialement exigé que le Comite mette cette idée en œuvre « le plus vite possible ». Enfin, musée des Chemins de fer doit être créé à Naypyidaw, ainsi qu’à Yangon d’ailleurs. Min Aung Hlaing a terminé son discours en exhortant à penser à Nay Pyi Taw comme à « une ville connectée, verte et propre, un modèle parmi toutes les villes du Myanmar ».

Il serait candide de considérer cette vision comme « déconnectée » de la réalité du pays. Les généraux birmans, et Min Aung Hlaing plus que tout autre, ont largement prouvé leur pragmatisme et jamais un tel discours n’aurait été prononcé sans raison. Mais il est évident aussi que dans le contexte actuel, un métro à Nay Pyi Taw n’a rien d’une priorité et semble illusoire en termes de budget et de savoir-faire birman. Le voisin chinois en revanche est devenu un spécialiste des infrastructures de grandes dimensions. Et il accepte facilement de travailler à crédit.

Lepetitjournal.com – 19 août 2021

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