La faim menace les Birmans les plus pauvres
Le Programme alimentaire mondial (PAM), l’agence des Nations unies consacrée à l’aide alimentaire, a fait savoir début août qu’elle avait de plus en plus de mal à remplir sa mission en Birmanie, faute des fonds nécessaires, affirmant que « 70% de ses besoins financiers pour les six prochains mois, soit 86 millions de dollars, ne sont pour l’instant pas assurés, dans un contexte de risque de disette dans le pays ».
Selon Stephen Anderson, directeur du PAM pour la Birmanie, « la faim est de plus en plus présente dans le pays. Près de 90% des ménages vivant dans des bidonvilles autour de Yangon disent devoir emprunter de l’argent pour acheter de la nourriture ; leurs revenus ont été gravement affectés » par les diverses crises que le pays traverse depuis deux ans.
Tout d’abord il y a eu l’épidémie de Covid-19 à partir de mars 2020, et sa gestion pour le moins chaotique, qui a commencé à atteindre la fragile économie birmane et son ample secteur informel. Les confinements ont notamment détruit une multitude de petits commerces de rues, privant des familles entières du moindre revenu. Puis la fermeture régionale des frontières – Malaisie, Thaïlande, Singapour… – a forcé les expatriés birmans légaux ou illégaux à revenir au pays ou tout au moins à se terrer sans pouvoir travailler. Sachant que plus de 600 000 ménages en Birmanie dépendent en grande partie de l’argent envoyé par leur diaspora en temps normaux, la pauvreté a augmenté considérablement. En outre, les fermetures de frontières, notamment celles vers la Chine, ont réduit de manière drastique les exportations agricoles, alors qu’en Birmanie 70% des habitants dépendent de l’agriculture pour leur subsistance.
En Birmanie, plus de 6 millions d’affamés d’ici à octobre
La crise politique qui a suivi le coup de force militaire du 1er février 2021 a constitué un coup de grâce pour beaucoup. Depuis, si la plupart des Birmans « moyens » interrogés énoncent clairement leur priorité absolue d’une amélioration économique rapide, même si cela doit se faire sous la houlette du régime militaire – qu’ils ne soutiennent pas pour autant –, la résistance violente d’une minorité et l’incapacité du nouveau pouvoir de prendre des décisions appropriées et de les faire appliquer n’ont fait qu’amplifier la crise alimentaire. Les nombreux combats dans les régions périphériques du pays provoquent aussi des afflux de réfugiés qui ajoutent la précarité à la précarité pour des centaines de milliers de personnes. La Birmanie compte près de deux millions de réfugiés ou déplacés internes vivant des des camps de fortune… souvent devenus permanents.
Les projections du Pam en avril 2021 notaient que « le nombre de personnes souffrant de la faim au cours des six prochains mois pourrait plus que doubler, pour atteindre 6,2 millions, soit une augmentation significative par rapport aux 2,8 millions enregistrés avant février ». L’agence estime cependant que plus de 1,25 million de Birmans ont reçu une aide alimentaire, en espèces et nutritionnelle, en 2021 depuis février.
Stephen Anderson appelle donc les pays riches à l’aide : « Il est essentiel pour nous de pouvoir accéder à tous ceux qui sont dans le besoin et de recevoir les fonds nécessaires pour leur fournir une aide humanitaire ».
Lepetitjournal.com – 19 août 2021
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