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Rencontre avec l’auteur (francophone) du roman “Bangkok Déluge”, Pitchaya Sudbanthad

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“Bangkok Déluge” est à la fois un roman historique et d’anticipation dans lequel l’auteur francophone Pitchaya Sudbanthad dresse un magnifique portrait la capitale thaïlandaise menacée par les eaux. 

Comment décrire Bangkok ? Toute personne ayant un jour visité la capitale ou y habitant peut se demander comment, il ou elle pourrait dresser un portrait de cette mégapole aux mille contrastes. La réponse la plus juste se trouve sans doute dans le premier roman de l’auteur thaïlandais Pitchaya Sudbanthad.

“Bangkok Déluge” se décrit comme un “roman-monde pour une ville-monstre”, un voyage dans l’histoire, le présent, le futur, entre superstitions, fatalisme et changement climatique dans une ville en mouvement perpétuel. 

À travers les destins d’une dizaine de personnages que relie un territoire tour à tour refuge et piège, Pitchaya Sudbanthad nous révèle l’essence même de cette cité envoûtante. Avec une grande fluidité, l’auteur navigue entre les traumatismes du passé et l’anticipation d’un avenir proche où l’homme tente de repousser toutes les limites, jusqu’à sa propre finitude.

Bangkok Déluge est la révélation de la littérature étrangère en cette rentrée littéraire aux éditions Rivages. 

L’auteur de 45 ans, Pitchaya Sudbanthad a grandi entre la Thaïlande, l’Arabie Saoudite et l’Amérique du Sud. Il partage désormais son temps entre New York et Bangkok. Lepetitjournal.com l’a rencontré pour une interview oscillant entre l’anglais et le français. 

Lepetitjournal.com: Où avez-vous appris le français ?

Pitchaya Sudbanthad: J’aime beaucoup les langues, je parle anglais et thaïlandais. Au lycée, j’ai étudié pendant plusieurs années l’espagnol, le français était un peu une extension.

Je peux comprendre un texte ou le sujet des conversations. Malheureusement, je manque d’occasions pour parler français vu que je vis entre New York et Bangkok. 

Toutefois, je pourrai parler un peu lors de mon premier séjour en France à la fin du mois d’octobre. Je serai présent au festival Utopiale à Nantes du 29 octobre au 1er novembre et le 6 novembre à la librairie Le Phénix à Paris. 

Dans votre roman, vous passez du 19ème siècle à 2070. Comment vous est venue l’idée de retracer l’histoire de Bangkok, mais aussi d’imaginer son futur ?

Il n’y a pas qu’une seule source d’inspiration. J’avais commencé à écrire différents récits, un peu comme des fragments. Et à un moment donné, ils se sont rejoints pour arriver au résultat que l’on trouve dans Bangkok Déluge. Mais cela aurait pu tout aussi bien être un autre roman! Il y a tellement de facettes dans Bangkok qu’il me fallait surtout différents personnages pour écrire sur la ville. 

Je suis né en Thaïlande, mais j’ai passé la plus grande partie de ma jeunesse à l’étranger – je revenais à Bangkok tous les ans. Je pense que j’ai essayé de capter ma curiosité pour la ville en m’inspirant de son histoire, des récits de familles, des livres ou de différentes choses que j’ai pu entendre. D’une certaine façon, j’ai essayé de réconcilier mon lien avec Bangkok et mes sentiments envers elle, car même si mon histoire personnelle est liée à cette ville, du fait que j’ai grandi à l’étranger, un fossé s’est creusé. 

Qu’est-ce qui vous fascine le plus dans Bangkok ?

Je suis fasciné par la multiplicité des histoires et des récits, le contraste entre le moderne et l’ancien, entre la technologie et les puissances surnaturelles. Bangkok est une ville d’opposés, dans un état de changements constants.

Les fantômes et les esprits sont présents dans votre livre, y croyez-vous ?

Je pense que comme beaucoup de Thaïlandais, oui, je crois aux fantômes. J’entends tout le temps des histoires sur eux, que ce soit dans ma famille, dans les livres, à la télévision, sur Internet. Le surnaturel est simplement naturel, c’est définitivement une partie de la culture thaïlandaise. 

Qu’est-ce qui vous a poussé à revenir sur plusieurs grands événements historiques de la Thaïlande ou de Bangkok, tels que le massacre des étudiants de l’université de Thammasat ou encore les inondations de 2011 ?

Le passé est toujours avec nous. Quand je suis à Bangkok, je peux sentir l’histoire de la ville, l’histoire de ma famille. Enfant, j’entendais ma grand-mère évoquer les événements d’octobre et comment elle avait essayer de convaincre mon oncle et ma tante de ne pas se rendre aux manifestations. 

Pour les inondations, c’est un peu la même chose, j’ai vécu de nombreux déluges. En 2011, j’étais à Bangkok et j’aidais mes parents à mettre des sacs de sable. Nous avons eu de la chance, car nous n’avons pas été touchés, mais beaucoup de maisons ont été détruites. 

Dans cette ville en constant changement, les événements se répètent, on a l’impression d’être enfermés dans des cycles qui ne cesse de recommencer, il faudrait rompre ces cycles. 

Dans votre roman, vous explorez l’anticipation en imaginant Bangkok engloutie sous les eaux, comment voyez-vous l’avenir de la capitale ?

C’est difficile à dire. Beaucoup de changements sont nécessaires, mais il y a aussi beaucoup de résistance aux changements dans la société thaïlandaise. Beaucoup de personnes en Thaïlande ignorent les changements climatiques, n’en ont pas conscience ou n’y croient pas. 

Par Catherine Vanesse – Lepetitjournal.com – 6 octobre 2021

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