Pour l’armée au pouvoir, un journaliste étranger est un accusé bientôt condamné
Un journaliste américain qui a passé plus de quatre mois en détention provisoire en Birmanie, pays gouverné par l’armée, a été inculpé d’une deuxième infraction pénale, a déclaré son avocat lundi, tandis que les autorités birmanes ont refusé de divulguer les raisons de son arrestation.
Danny Fenster, directeur de la rédaction du magazine d’information et d’affaires en ligne Frontier Myanmar, basé à Rangoun, a été inculpé en vertu de la loi sur les associations illégales, a déclaré son avocat Than Zaw Aung. Fenster, 37 ans, a déjà été inculpé d’incitation, également appelée sédition, pour avoir prétendument diffusé des informations fausses ou incendiaires. Ce délit est passible d’une peine pouvant aller jusqu’à trois ans de prison.
Pas d’accusations précises
On ignore ce dont Fenster est accusé et qui a conduit à son arrestation le 24 mai, alors qu’il s’apprêtait à embarquer à l’aéroport international de Rangoun pour se rendre dans la région de Détroit, aux États-Unis, afin de voir sa famille. Interrogé la semaine dernière sur la raison de l’arrestation de Fenster, le porte-parole du gouvernement, le major-général Zaw Min Tun, a répondu : “Je ne suis pas d’accord″. Zaw Min Tun a répondu : “En ce qui concerne les journalistes, s’ils ne font que du travail de journaliste, il n’y a aucune raison de les arrêter. Danny Fenster a fait plus que ce que fait un journaliste″.
100 journalistes détenus
Fenster est l’un des quelque 100 journalistes détenus depuis la prise du pouvoir par les militaires en février. Plus de la moitié ont été libérés, mais les médias indépendants sont généralement contraints de travailler dans la clandestinité ou depuis l’extérieur du pays. Than Zaw Aung a déclaré qu’un juge avait annoncé la nouvelle charge lundi lors de l’audience de Fenster au tribunal de la prison d’Insein à Rangoun, où il est détenu. Il a précisé qu’il n’avait pas reçu d’autres détails. Le nouveau chef d’accusation stipule que quiconque est “membre d’une association illégale, ou participe à des réunions d’une telle association, ou contribue, reçoit ou sollicite toute contribution aux fins d’une telle association, ou aide de quelque manière que ce soit les opérations d’une telle association” peut être puni de deux à trois ans d’emprisonnement et d’une amende.
L’avocat et les collègues de Fenster ont nié tout acte répréhensible de sa part. Le gouvernement américain et des organisations internationales de médias ont demandé sa libération. Fenster est l’un des rares journalistes étrangers qui ont été arrêtés et le seul à être encore en détention.
Par Michel Prévot – Gavroche-thailande.com – 9 octobre 2021
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