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En Thaïlande, la monarchie durcit le ton face au mouvement pro-démocratie

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Les activistes pro-démocratie ne désarment pas, en Thaïlande. Mais les seules réponses du pouvoir monarchique sont le durcissement de la législation et les arrestations.

« Je ne vais pas me taire. » ​Yan Marchal, un informaticien français, ne décolérait pas, mardi, juste après son expulsion de Thaïlande. Marié, père de deux enfants, résidant à Bangkok depuis dix-huit ans, il s’est vu refuser l’accès au territoire thaïlandais et renvoyer vers la France. Il est mis en cause pour des vidéos satiriques sur le réseau TikTok, où il se moque de la politique thaïlandaise et de la monarchie, qui représentent selon les autorités « un danger pour le pays ».

Une expulsion presque anecdotique en comparaison avec le dur traitement réservé aux activistes thaïlandais qui manifestent, depuis l’été 2020, leur ras-le-bol des excès de la monarchie. Telle une illustration du resserrement actuel autour de la liberté d’expression dans le royaume, la plupart des militants pro-démocratie sont retournés en prison ces derniers mois, un à un, discrètement, dans l’indifférence générale.

La dernière en date, Panusaya « Rung » Sithijirawattanakul, 23 ans, la première à avoir osé réclamer publiquement une réforme de la monarchie, a été emprisonnée, à la surprise générale, le 15 novembre, à l’issue d’une audience qu’elle pensait « sans risque »​, comme elle l’expliquait aux quelques journalistes présents devant le tribunal juste avant d’y entrer. Le juge examinait ce jour-là l’affaire dite du « crop top ». En décembre 2020, Rung et trois amis étudiants – Pingouin, Mike et Benja, eux aussi retournés en prison – avaient manifesté dans un centre commercial vêtus de mini tee-shirts et de pantalons taille basse : une référence aux tenues de prédilection du roi de Thaïlande.

Rung portait aussi sur le ventre l’inscription : « Je n’ai qu’un seul père »​, affront suprême dans un pays où le souverain est appelé « Père de tous les Thaïlandais ». C’est finalement dans le wagon de prisonniers qu’elle ressort du tribunal, direction la prison centrale pour femmes. C’est son troisième séjour en détention.

Des activistes risquent la perpétuité

Un récent tour de vis s’était pourtant bien fait sentir. Le 10 novembre, la Cour constitutionnelle avait jugé que réclamer publiquement une réforme de l’institution monarchique équivalait à « une tentative de renverser l’État ». ​En clair, Rung et tous les activistes qui réclament l’abrogation de la fameuse loi 112 sur la lèse-majesté (passible de quinze ans de prison), ou plus de transparence sur les finances royales, risquent désormais la perpétuité. « Le problème avec ce jugement​, avait estimé Rung ce soir-là, c’est qu’il revient à dire qu’on ne peut exprimer aucune opinion sur les lois qui touchent à la monarchie. Comment faire évoluer des lois dont on n’a pas le droit de parler ? » ​C’est bien la question qui hante les militants, tant le mouvement pro-démocratie semble désormais dans l’impasse.

Par Carol Isoux – Ouest France – 2 décembre 2021

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