La junte birmane dénonce le refus de l’ONU d’octroyer un siège à son envoyé
La junte birmane a dénoncé jeudi 2 décembre la décision de l’ONU de refuser un siège à son envoyé, l’organisation internationale maintenant en place un représentant nommé par le gouvernement déchu d’Aung San Suu Kyi.
«Cette décision ne reflète pas la réalité sur le terrain et l’existence de notre pays» sur la scène internationale, a déploré à l’AFP le porte-parole du régime militaire, Zaw Min Tun.
Depuis leur coup d’État de février, les généraux birmans qui s’appuient sur leurs alliés traditionnels, la Chine et la Russie, sont avides de reconnaissance internationale. L’acceptation par les Nations unies de leur envoyé serait un pas important en ce sens. Mais le comité, chargé d’entériner les nominations d’ambassadeurs auprès de l’ONU, s’est réuni mercredi sans aboutir à un consensus sur la représentation de la Birmanie et a renvoyé le dossier à l’Assemblée générale.
«Probables crimes contre l’humanité et crimes de guerre»
En attendant, Kyaw Moe Tun, l’ambassadeur choisi par Aung San Suu Kyi, continue de siéger. Peu après le putsch, ce dernier avait fait la Une des médias, appelant, dans un discours devant l’organisation, à «mettre fin au coup d’État» et à «rendre le pouvoir au peuple». Il avait terminé en faisant en signe de résistance le salut à trois doigts, provoquant l’ire des généraux. Ces derniers l’avaient rapidement limogé. Ils ont nommé au début de l’été un ex-militaire, Aung Thurein, pour lui succéder, mais ce dernier ne peut prendre ses fonctions tant que sa nomination n’est pas entérinée par l’ONU.
En août, des procureurs américains ont inculpé deux ressortissants birmans, les accusant d’avoir fomenté un complot contre Kyaw Moe Tun. La Birmanie a sombré dans le chaos depuis le putsch qui a mis fin à une transition démocratique de dix ans. La junte mène une répression sanglante contre ses opposants avec 1300 civils tués et plus de 7600 en détention, selon une ONG locale, l’Association d’assistance aux prisonniers politiques (AAPP), qui rapporte des cas de tortures et d’exécutions extrajudiciaires. Le rapporteur de l’ONU pour les droits de l’homme en Birmanie, Tom Andrews, a dénoncé fin octobre de «probables crimes contre l’humanité et crimes de guerre» commis par le régime.
Le Figaro avec Agence France Presse – 2 décembre 2021
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