La Birmanie aurait planifié le massacre des manifestants anti-junte en mars, selon HRW
Selon une enquête de Human Rights Watch publiée jeudi 2 décembre, les forces de sécurité birmane auraient procédé à un massacre délibéré le 14 mars, lorsque, au moins 65 manifestants et passants ont été tués ou blessés dans la banlieue de Rangoun. Ce qui pourrait être qualifié de crime contre l’humanité, selon l’ONG, qui appelle à de nouvelles sanctions.
Pour Human Rights Watch (HRW), il s’agit d’un « massacre » et « délibéré ». Regroupant de nombreux témoignages et images, l’enquête de l’ONG affirme que les forces birmanes auraient piégé puis visé des manifestants pacifiques et porteurs de secours « dans l’intention de les tuer ou de les mutiler ».
Les faits se sont produits le 14 mars dernier lors de manifestations pacifiques contre la junte dans la zone industrielle de Hlaing Tharyar dans la banlieue de Rangoun.
Selon l’enquête « les forces de sécurité [auraient] piégé de nombreux manifestants par l’est et l’ouest, une tactique connue dans certains pays sous le nom d’« encerclement ». » Cela avant d’ouvrir le feu sur les manifestants sans un avertissement quelconque, sauf dans une seule localité.
Le pays a été secoué par des manifestations et leur répression sanglante depuis un coup d’État militaire le 1er février, renversant le gouvernement mené par Aung San Suu Kyi.
Généraux de la junte « responsables de crimes contre l’humanité »
Selon l’ONG, le fait que le massacre n’était pas un incident mais une attaque planifiée des forces de sécurité pourrait constituer un crime contre l’humanité. Comme nous l’explique Richard Weir chercheur sur les crises et les conflits à Human Rights Watch.
Le recours à la force létale a eu lieu dès le mois de février, notamment à Naypyidaw la capitale, et à Mandalay. Mais il s’est aggravée début mars et cet épisode de répression en particulier à Rangoun figure parmi les plus violents avec le plus grand nombre de victimes. Human Rights Watch a pu s’entretenir à distance avec six témoins et recouper leurs témoignages avec 13 vidéos et 31 photographies postées sur les réseaux sociaux. Ces preuves indiquent clairement que les forces de sécurité, armée et police réunies, ont perpétré de graves crimes contre les manifestants ce 14 mars. Et il ne s’agit pas d’un incident isolé. Les violences à grande échelle, aussi bien les massacres, les tortures ou les détentions arbitraires de milliers de personnes à travers tout le pays sont la preuve que les généraux de la junte sont responsables de crimes contre l’humanité. HRW appelle à imposer des sanctions financières supplémentaires qui viseraient les revenus de la junte issues du pétrole et du gaz ainsi qu’un embargo mondial sur les armes afin d’exercer une pression maximale sur ce régime répressif et brutal.
Radio France Internationale – 3 décembre 2021
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