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Le couturier vietnamien qui séduit les stars internationales

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Il a suffi d’une affiche de la chanteuse Rihanna portant l’une de ses chemises blanches surdimensionnée dans une campagne pour une marque de luxe en 2017 pour lancer la carrière internationale de Cong Tri.

À 43 ans, le créateur de mode vietnamien connaît depuis un incroyable succès avec ses lignes de vêtements inspirées des tenues populaires de son pays déclinées en robes de soirée en soie, organza ou taffetas filés.

Ses collections s’inspirent des uniformes des milices exclusivement féminines de la guerre du Vietnam, des vendeuses de fleurs citadines ou des paysannes travaillant dans les rizières.

De Beyonce à Katy Perry

Juré dans une émission de téléréalité, Cong Tri est célèbre au Vietnam depuis longtemps mais quand Rihanna a craqué sur sa collection Em Hoa, « La fille de fleurs », les stars comme Beyonce, Naomi Campbell ou Gwen Stefani ont commencé à choisir elles aussi ses créations lors de tapis rouges. Katy Perry a revêtu plusieurs de ses tenues lors de sa tournée mondiale de 2017.

Après des études d’art industriel, ce natif de Danang dans le centre du pays dans une famille de 8 enfants, a commencé sa carrière en illustrant des pochettes d’albums de musique.

Fasciné par les histoires des femmes soldats racontées à l’école et touché par leur « force et leur résilience », il se lance dans la mode avec une première collection, « Green leaves » utilisant la technique du patchwork pour rendre hommage à ces femmes avec des tenues évoquant leurs treillis hivernaux et leurs casquettes vertes.

« À la maison, elles prenaient soin de leur famille, et travaillaient dans les rizières », dit-il à propos des soldates. « Et sur les champs de bataille, elles devenaient de véritables guerrières : c’étaient des femmes tellement fortes. »

« Dans toutes mes collections, les caractéristiques qui font la force des femmes vietnamiennes sont toujours véhiculées ou cachées dans mon design, même dans le choix du tissu », a ajouté Tri, derrière d’épaisses lunettes à monture noire.

En 2016 à Tokyo, Cong Tri a présenté une collection en « Lanh My A », une soie très résistante uniquement fabriquée dans un village du delta du fleuve Mékong et qui requiert un savoir-faire très particulier.

Une fois tissée, la soie est teinte jusqu’à 100 fois avec un liquide à base de mac nua, un fruit couleur ébène qui lui donne un aspect semblable au cuir. Il a fallu deux ans au créateur pour réunir suffisamment de tissu pour sa collection.

Repérées par le styliste de Rihanna, ses créations inspirées des Ao Ba Ba, les tenues traditionnelles des rizicultrices vietnamiennes, lui ont valu une participation à la semaine de la mode de New York en 2019, une première pour un créateur vietnamien.

Le succès de Cong Tri à l’étranger pourrait changer l’image d’un pays connu dans l’industrie du textile pour ses usines qui fournissent les petites mains pour les géants de l’habillement mais pas encore pour ses propres créateurs.

Tran Hung, un jeune couturier également basé à Hô-Chi-Minh-Ville, a présenté ses créations lors de deux récentes semaines de la mode londonienne, tandis que Tran Phuong My a fait ses débuts à la semaine de la mode à New York en 2019.

« Se faire un nom dans l’industrie mondiale de la mode est le résultat d’un long processus de travail acharné », explique Cong Tri, qui affirme passer 18 heures par jour au bureau.

Cependant, il a passé de nombreuses années à « essayer et souhaiter » attirer l’attention de stars mondiales dans un secteur où la moitié des employés de couleur pensent qu’une carrière dans la mode n’est pas accessible à tous de manière égale, selon un récent rapport de l’association des créateurs de mode américains.

La pandémie pourrait avoir donné à l’industrie de la mode une chance de changer, estiment certains, grâce aux défilés virtuels qui permettent aux designers du monde entier de se faire connaître plus facilement.

Cong Tri pense malgré tout que les créateurs asiatiques doivent continuer à se battre pour arriver au sommet.

« Nous devons toujours penser à quel moyen, quel chemin emprunter pas à pas. Il ne faut pas seulement attendre que la société nous donne notre chance », explique-t-il.

L’Est éclair – 3 janvier 2022

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