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Au Vietnam, les condamnations se multiplient contre les opposants au régime

Le régime communiste a durci le ton contre les opposants. Quatre sont en prison pour avoir critiqué une démocratie qui ne fonctionne pas ou soutenu des agriculteurs en conflit avec des élus locaux.

Fin d’année chargée dans les tribunaux vietnamiens. Dans trois affaires distinctes, quatre activistes ont été condamnés à des peines allant de six à dix ans de prison. Leur principal point commun ? Avoir émis des critiques sur la « démocratie » ​à parti unique du régime communiste de Hanoï. Celui-ci pointe à la 175e place (sur 180) au classement de Reporters sans frontières sur la liberté de la presse.

La journaliste Pham Doan Trang passera ainsi les neuf prochaines années derrière les barreaux. La Cour du peuple l’a condamnée, le 14 décembre, pour « propagande contre l’État ». « Pham est très connue, aussi bien au Vietnam qu’à l’étranger. Avec cette lourde peine, le Parti communiste a voulu montrer qu’il gardait la main sur ce qu’il est possible de dire ou non dans le pays », commente Giang Khac Nguyen, spécialiste du Vietnam à l’université Victoria de Wellington, en Nouvelle-Zélande.

La militante pro-démocratie (Prix de la liberté de la presse 2019), âgée de 43 ans, animait le blog Journal de la loi, qu’elle a cofondé. Elle dénonçait également les problèmes environnementaux et les conflits fonciers, fréquents dans le pays de 97 millions d’habitants.

C’est justement dans une affaire d’accaparement de terres que Trinh Ba Phuong et Nguyen Thi Tam ont été condamnés à dix et six ans de prison. Les deux militants ont été reconnus coupables de « fabrication, possession et publication d’informations visant à s’opposer à l’État »​. Ils avaient soutenu sur Facebook le combat des agriculteurs de Dong Tam, au sud de la capitale. Même motif même punition pour l’activiste Do Nam Trung, quelques jours plus tard.

Des procès en cascade

Ces procès en cascade, dénoncés notamment par les Nations unies, montrent que le gouvernement communiste ne veut pas se laisser déborder par les utilisateurs du réseau social américain. Avec 74,1 millions de comptes actifs, le Vietnam est le septième pays au monde en nombre d’inscrits sur Facebook. Depuis la pandémie, la plateforme est devenue un réceptacle de la protestation contre les mesures très strictes adoptées par Hanoï. Avec raison, souvent. La famille du militant Phuong n’a pas pu se rendre à son procès en décembre : des « points de contrôle Covid » bloquaient les deux bouts de sa rue.

Pour lutter contre la liberté d’expression, l’État vietnamien avait mis un premier tour de vis en 2018, en adoptant sa loi sur la cybersécurité. Il a aussi embauché des influenceurs et des censeurs ; le chiffre de 10 000 comptes pro-gouvernement est avancé.

Par François Camps – Ouest France – 9 janvier 2022

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