Birmanie : Suu Kyi risque 15 ans de prison supplémentaires
L’ex-dirigeante birmane Aung San Suu Kyi, déjà condamnée à six ans de détention par la junte, risque de se voir infliger la semaine prochaine une peine supplémentaire de 15 ans de prison, a déclaré mardi 19 avril à l’AFP une source proche du dossier.
«Le tribunal doit rendre lundi» prochain son jugement dans un des volets du procès où la prix Nobel de la paix est inculpée de corruption, a déclaré la source. Elle est accusée d’avoir perçu 600.000 dollars et plus de 11 kilos d’or de pots-de-vin de l’ancien ministre en charge de la région de Rangoun, Phyo Min Thein. Aung San Suu Kyi, 76 ans, est détenue depuis le coup d’État militaire du 1er février 2021 qui a mis fin à une décennie de transition démocratique en Birmanie.
L’ex-dirigeante est visée par une multitude de chefs d’accusation: violation d’une loi sur les secrets d’État datant de l’époque coloniale, fraude électorale, sédition, incitation aux troubles publics, corruption… Elle risque au total des décennies de prison. La prix Nobel de la paix purge le début de sa peine en résidence surveillée, dans le lieu où elle est tenue au secret depuis plus d’un an et où elle doit rester le temps de son procès. Ce dernier se tient à huis clos, ses avocats ayant interdiction de parler à la presse et aux organisations internationales.
Plusieurs de ses proches ont déjà été condamnés à de lourdes peines: la peine capitale pour un ex-parlementaire, 75 ans de prison pour un ancien ministre, 20 ans pour un de ses collaborateurs. D’autres se sont exilés ou sont entrés en clandestinité. La prix Nobel a passé près de 15 ans en résidence surveillée sous les précédentes dictatures militaires.
Le coup d’État de février 2021 a fait plonger le pays dans le chaos. Plus de 1750 civils ont été tués par les forces de sécurité et plus de 13.000 arrêtés, d’après un observateur local. Des milices ont pris les armes contre la junte à travers toute la Birmanie.
Le Figaro avec Agence France Presse – 19 avril 2022