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Cinquante ans après, Nick Ut, l’auteur de la photo « Napalm Girl », raconte l’horreur de la guerre du Vietnam

Nick Ut retrace dans le « Washington Post » cette journée du 8 juin 1972 où il a assisté impuissant au bombardement au napalm d’un village près de Saïgon. Un drame qui a provoqué sa rencontre avec Kim Phuc, la petite fille avec laquelle il n’a jamais perdu contact.

C’est une photo que nous avons tous vue, soit dans le journal, soit à la télé, soit dans nos livres d’école. Celle de la petite fille qui court, nue, en pleurs, sur une route au Vietnam, juste après un bombardement au napalm. Cette photo, « Napalm Girl », le reporter de l’agence américaine Associated Press Nick Ut l’a prise il y a 50 ans, le 8 juin 1972, et pour l’occasion, il raconte cette journée en détail dans une tribune au Washington Post. C’était près de Trang Bang, un petit village à quelques kilomètres de Saïgon. Nick Ut, 21 ans à peine, est envoyé par son agence pour couvrir une attaque aérienne américaine.

Il décrit les corps alignés sur la route, les centaines de réfugiés qui partent, il pense avoir photographié l’essentiel et s’apprête à partir lorsqu’un avion passe et largue quatre bombes au napalm. « Soudain, j’ai vu arriver une femme gravement brûlée à la jambe, puis une autre plus vieille portant un bébé qui est mort devant moi. » Il décrit, les corps meurtris, la chair qui tombe en lambeau, les hurlements. Et puis ce cri, « ça brûle, ça brûle ! », qui l’a fait se retourner et photographier par reflexe la petite fille qui venait d’enlever ses vêtements enflammés pour courir sur la route.

Qu’une photo puisse mettre fin à une guerre

« J’ai immédiatement posé mon appareil pour l’aider, dit-il, je lui ai donné ma gourde d’eau, et je l’ai mise dans la camionnette de l’agence pour filer à l’hôpital. » La petite fille s’appelle Phan Thi Kim Phuc, elle a 9 ans, elle est brûlée à 30% et sa vulnérabilité va rester dans la mémoire du monde entier. La photo vaut à Nick Ut le prix World Press puis le Pulitzer. Elle devient surtout l’illustration de l’ignominie de cette guerre qui prendra fin trois ans plus tard.

Depuis, tous les deux sont restés très proches, liés à vie, et ce malgré la violence de cette photo que Kim Phuc a mis des années à accepter, comme elle le confie au New York Times, malgré le contexte de leur rencontre aussi, ce jour d’horreur et de mort. « Et en même temps, ajoute Nick Ut, la résilience de l’humanité transparait toujours, j’y pense à chaque fois que je vois des photos d’Ukraine ». Et de dire son espoir de voir la même chose se produire à 50 ans d’intervalle, qu’un photographe Russe croise le regard d’une enfant Ukrainienne et prenne la photo qui mette fin à la guerre. « La vérité doit émerger et pour ça, notre métier est plus nécessaire que jamais. »

Franceinfo – 7 juin 2022

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