Thaïlande : le premier ministre Prayut peut rester à son poste
Le premier ministre thaïlandais suspendu, Prayut Chan-O-Cha, peut reprendre ses fonctions, a décidé vendredi 30 septembre la Cour constitutionnelle du pays, estimant qu’il n’avait pas atteint la limite de huit ans fixée pour son mandat.
L’ancien chef de l’armée, arrivé au pouvoir lors d’un coup d’État militaire en 2014, a été suspendu le mois dernier pendant que le tribunal examinait une plainte de l’opposition soutenant qu’il avait atteint la limite de son mandat.
Les autorités de Bangkok étaient en alerte pour de possibles troubles après cette décision, plusieurs groupes de manifestants ayant prévenu qu’ils descendraient dans les rues si la Cour donnait raison à Prayut.
«La Cour constitutionnelle a décidé à la majorité que le Premier ministre défendeur n’a pas atteint la limite de huit ans», a déclaré le juge Punya Udchacon en lisant la décision prise à 6 voix contre 3.
Conflit juridique
«Le début des fonctions de chef de gouvernement du défendeur est compté à partir du 6 avril 2017», soit la date d’entrée en vigueur de la Constitution, a ajouté la Cour. L’article 158 limite à huit années la durée du mandat du Premier ministre. Mais le texte ne précisait pas le point de départ du calcul, laissant un vide juridique que la Cour vient de trancher.
Cette décision lui permet de rester jusqu’en 2025, si tant est qu’il conserve son poste lors du scrutin prévu au début de l’année prochaine. Prayut, âgé de 68 ans, a salué la décision sur sa page Facebook, en disant qu’il utiliserait le temps restant pour faire avancer les projets d’infrastructures.
«Je vais faire de mon mieux et travailler de toutes mes forces pour changer le pays», a-t-il écrit. Ses opposants, qui ont lancé en août la démarche pour saisir la Cour, plaidaient pour la rétroactivité de la Constitution en estimant donc que l’ancien général avait atteint la limite en août.
Après sa suspension, son adjoint Prawit Wongsuwan a pris le relais en tant que Premier ministre intérimaire, tandis que Prayut est resté ministre de la Défense. Mais cet épisode lui a fait «perdre la face» aux yeux de l’opinion, a estimé Napisa Waitoolkiat, politologue de l’université Naresuan.
Manifestations contre Prayut
Prayut et son parti, le Palang Pracharat, sont en perte de vitesse dans l’électorat, alors que les ménages souffrent de la faiblesse de l’économie thaïlandaise.
Un sondage mené sur 2.500 personnes début septembre a révélé que seules 10,5 % des personnes interrogées soutenaient Prayut, qui n’arrive qu’en quatrième position parmi les personnalités préférées pour le poste de premier ministre.
Le Figaro avec Agence France Presse – 30 septembre 2022