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En Birmanie, la junte au pouvoir annonce la libération de près de 6 000 prisonniers, dont plusieurs étrangers

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L’ancienne ambassadrice britannique Vicky Bowman, le journaliste japonais Toru Kubota et Sean Turnell, un conseiller australien du gouvernement déchu d’Aung San Suu Kyi sont « graciés et expulsés » du pays. L’ex-dirigeante reste, elle, incarcérée, alors que son procès-fleuve est en cours.

Depuis de longs mois, les organisations de défense des droits humains réclament la libération en Birmanie des très nombreux détenus incarcérés par la junte au pouvoir, accusée de mener une répression sanglante de la dissidence qui a suivi le coup d’Etat militaire de février 2021.

Elles ont été, en partie, entendue puisque la junte a annoncé, jeudi 16 novembre, qu’elle allait libérer 5 774 prisonniers, dont quelque 600 femmes. Parmi eux, l’ancienne ambassadrice britannique Vicky Bowman, l’Australien Sean Turnell et le journaliste japonais Toru Kubota « sont graciés et expulsés », a fait savoir la junte dans un communiqué.

Vicky Bowman, en poste entre 2002 et 2006, et son mari, l’artiste birman Htein Lin, ancien prisonnier politique, tous deux arrêtés en août pour avoir enfreint les lois d’immigration, avaient été condamnés à un an de prison. Comme son épouse, Htein Lin a été libéré, a appris l’Agence France-Presse (AFP).

Sean Turnell, professeur d’économie australien, travaillait en tant que conseiller d’Aung San Suu Kyi lorsqu’il a été arrêté quelques jours après le coup d’Etat, en février 2021. Il a été condamné en septembre à trois ans de prison pour violation de la loi sur les secrets officiels.

Toru Kubota, 26 ans, arrêté en juillet en marge d’une manifestation anti-junte à Rangoun, avait été condamné à dix ans d’emprisonnement. Une source diplomatique japonaise a confirmé à l’AFP qu’il « serait libéré aujourd’hui [jeudi] » et devait quitter la Birmanie pour le Japon également jeudi, selon cette source.

Près de 70 journalistes encore en prison

C’était le cinquième journaliste étranger à avoir été arrêté par la junte depuis le coup d’Etat, après les Américains Danny Fenster et Nathan Maung, le Polonais Robert Bociaga et le Japonais Yuki Kitazumi, qui ont tous fini par être libérés et expulsés. Selon l’Unesco, au moins 170 journalistes ont été arrêtés depuis le coup d’Etat, et près de 70 d’entre eux sont encore en prison.

Un autre étranger est libéré : Kyaw Htay Oo, un Birman détenant un passeport américain, selon une source officielle.

Des familles se sont réunies devant la prison d’Insein, à Rangoun, avant l’annonce attendue de la libération des prisonniers, a décrit une journaliste de l’AFP sur place.

San San Aye a expliqué attendre la libération de ses frères et sœurs. « Trois d’entre eux ont été condamnés à trois ans chacun il y a huit mois », a-t-elle affirmé. « Leurs enfants attendent à la maison. Nous serons plus qu’heureux s’ils sont libérés. » De son côté, Kyaw Htay, dont le fils a été condamné à trois ans de prison pour avoir partagé des messages contre le coup d’Etat sur les réseaux sociaux, a dit espérer qu’il « soit libéré aujourd’hui ».

Trois anciens ministres libérés

« La libération du professeur Turnell est une très bonne nouvelle après qu’il a été pris en otage par le régime, sa famille et ses amis vont se réjouir », a réagi auprès de l’AFP l’expert indépendant David Mathieson. Mais la junte « ne montre aucun signe de réforme et une amnistie de masse ne l’absout pas des atrocités commises depuis le coup d’Etat », a-t-il rappelé.

« Des milliers de personnes emprisonnées depuis le coup d’Etat (…) n’ont rien fait de mal et n’auraient jamais dû être emprisonnées au départ », a déclaré le porte-parole du bureau régional de l’organisation non gouvernementale (ONG) Amnesty International.

Trois anciens ministres du gouvernement déchu d’Aung San Suu Kyi, qui reste incarcérée alors que son procès-fleuve est en cours, ont aussi été libérés, a fait savoir un officier supérieur de la junte.

Depuis le coup d’Etat, qui a fait plonger le pays dans un conflit sanglant, plus de 2 300 civils ont été tués par les forces de sécurité, selon le décompte d’une ONG locale. La junte, qui accuse ses adversaires, en compte plus de 3 900.

Le Monde avec Agence France Presse – 17 novembre 2022

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