Le président du Vietnam, Nguyen Xuan Phuc, démissionne
Le départ de Nguyen Xuan Phuc intervient à la suite du limogeage de hauts fonctionnaires de son cabinet impliqués dans un scandale de corruption.
Après plusieurs jours de rumeurs, les médias d’État vietnamiens ont annoncé la démission du président Nguyen Xuan Phuc dans le cadre d’une vaste purge anticorruption mené par Nguyen Phu Trong, le secrétaire général du parti et véritable homme fort du pays. Un départ précipité très inhabituel au Vietnam où les changements politiques sont généralement orchestrés avec soin par le régime communiste soucieux de donner une apparence de stabilité. Une décision choc, qui montre que désormais plus personne n’est épargné, pas même au sommet de l’État.
Selon les médias d’État, le Parti communiste a estimé qu’il portait la responsabilité d’actes répréhensibles commis par des membres de son gouvernement alors qu’il était Premier ministre, entre 2016 et 2021, avant qu’il n’accède à la présidence. Des médias en ligne évoquent aussi l’implication de son épouse dans le scandale du Viet A, du nom d’une société qui prétendait avoir mis au point un test de détection du Covid made in Vietnam. L’entreprise, qui mentait en disant que son test était validé par l’OMS, est accusée d’avoir versé des pots-de-vin à des fonctionnaires du secteur de la santé.
Une centaine de hauts fonctionnaires et dirigeants d’entreprise arrêtés
Depuis, l’enquête a fait tomber près d’une centaine de fonctionnaires, parmi lesquels l’ancien ministre de la Santé et l’ancien maire d’Hanoï. Selon l’agence VNA, qui cite le communiqué officiel du comité central du parti, Nguyen Xuan Phu « a pris ses responsabilités politiques en tant que dirigeant après que plusieurs hauts fonctionnaires, y compris deux vice-Premiers ministres et trois ministres, ont commis des violations et des manquements, entraînant de très graves conséquences ».
Mais au Vietnam comme en Chine, rapporte notre correspondant à Hô Chi Minh, Frédéric Noir, la politique anticorruption sert aussi à éliminer les adversaires potentiels pour le pouvoir suprême. À 78 ans, Nguyen Phu Trong renforce donc son emprise sur le pays, lui qui a réussi en 2021 à s’affranchir des règles du parti et à se faire élire pour un troisième mandat.
Radio France Internationale avec Agence France Presse – 17 janvier 2023
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