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Birmanie : l’impossible démocratie

La Birmanie, ancienne colonie de l’Empire britannique, acquiert son indépendance en 1948. Après un premier coup d’État en 1962, le pays connaît plus de 50 ans de dictature militaire.

En 2015, les premières élections démocratiques portent le LND, le parti de la Ligue nationale pour la démocratie de l’opposante Aung San Suu Kyi, au pouvoir. Mais le coup d’État militaire du 1er février 2021 témoigne de l’instabilité de la société birmane, révélant à la fois le profond ancrage de l’armée au sein du pouvoir et l’enracinement des lignes de fractures ethniques, religieuses et socio-économiques. Retour sur l’histoire complexe d’un pays et d’un peuple en perpétuel combat pour la liberté et la démocratie.

1886 : après trois guerres anglo-birmanes et l’exil forcé du dernier roi birman Thibaw Min, la Birmanie devient une province de l’Inde britannique. Les Anglais convoitent ses ressources naturelles et veulent assurer la route commerciale vers Singapour. L’économie croît notamment grâce à la culture intensive du riz, mais les richesses restent aux mains des Britanniques sans profiter à la population birmane. La séparation de l’Église et de l’État entraîne, entre autres, la chute du taux d’alphabétisation élevé attribuable aux écoles gérées par l’Église bouddhiste.

1937 : la Grande-Bretagne dissocie la Birmanie de l’Inde et en fait une colonie de la Couronne qui jouit d’une relative autonomie : la gestion de son administration et de son économie est confiée aux Indiens, celle de l’armée aux minorités ethniques. Mais les Birmans « ethniques » – ou Bamar, le groupe ethnique majoritaire – sont tenus à l’écart des structures du pouvoir. Un mouvement nationaliste s’organise, mené par Aung San, le père de Aung San Suu Kyi. En divisant les pouvoirs et les territoires, l’autorité britannique a posé les bases de l’instabilité inter-ethnique en Birmanie.

1942 : le Japon envahit la Birmanie avec l’aide de l’Armée pour l’indépendance de la Birmanie formée en 1941 par Aung San, prétendument dans le but de libérer le pays de l’emprise britannique et de lui rendre son indépendance. Mais face aux véritables intentions de domination de l’Empire nippon, Aung San change de camp. Il forme une coalition de partis politiques birmans, la Ligue antifasciste pour la liberté du peuple (AFPFL), s’allie aux Britanniques pour chasser les Japonais de Birmanie en 1945 et entame les négociations pour l’indépendance du pays.

1947 : le 12 février, Aung San signe l’accord de Panglong avec plusieurs minorités ethniques pour la création de l’Union de Birmanie. En avril, l’AFPFL remporte les élections pour former l’Assemblée constitutionnelle. Mais le 19 juillet, Aung San et six membres de son gouvernement sont assassinés par des opposants politiques aux ordres du rival nationaliste U Saw. U Nu, le successeur d’Aung San, prend la tête de l’AFPFL et signe les termes de l’accord d’indépendance avec la Grande-Bretagne.

4 janvier 1948 : indépendance de la Birmanie. U Nu, devenu Premier ministre, instaure une démocratie parlementaire. Dès le début, il doit faire face à la rébellion des communistes qui ne reconnaissent pas la nouvelle autonomie birmane et à celle de différents groupes ethniques, comme les Karens. De surcroît, la proclamation du bouddhisme comme religion d’État accentue le sentiment de division parmi les minorités ethniques qui ont été christianisées pendant la période coloniale.

La situation reste sous contrôle jusqu’en 1958. Mais la constante dégradation de l’économie et l’instabilité politique de certains territoires incitent U Nu à déléguer provisoirement le pouvoir au général Ne Win, chef d’état-major des armées. Celui-ci forme un gouvernement intérimaire et assure la gestion du pays jusqu’en 1960. L’AFPFL ne parvient pas à se rétablir et se fissure. Les insurrections se multiplient et, face au danger d’éclatement du pays, Ne Win décide de passer à l’action.

Premier coup d’État militaire

2 mars 1962 : le général Ne Win prend le pouvoir par un coup d’État et la Birmanie devient l’Union de Myanmar. Investi des pouvoirs exécutif, législatif et judiciaire, il instaure une dictature militaire autocratique à parti unique, le Parti du programme socialiste birman (Burma Socialist Program Party, BSPP), et inaugure la « Voie birmane vers le socialisme », une politique socialiste, anti-occidentale et autarcique. À travers sa politique de « birmanisation », Ne Win cherche à homogénéiser la société en réprimant les identités culturelles des ethnies minoritaires, interdisant leurs langues et leur imposant la pratique du bouddhisme. La « Tatmadaw », le nom birman de la toute-puissante armée birmane au pouvoir, lance des offensives militaires contre les insurrections ethniques séparatistes et réprime toute liberté d’expression.

La dégradation rapide de la situation socio-économique et l’instabilité croissante qui en résulte accentuent la fracture entre la majorité birmane et les minorités ethniques du pays, entraînant de nombreuses crises migratoires intérieures et transfrontalières. 

1974 : une nouvelle Constitution est promulguée, qui facilite le transfert du pouvoir militaire à l’Assemblée du peuple dirigée par Ne Win. C’est la naissance de la République socialiste de l’Union de Birmanie. Dans ce nouveau contexte politique, l’opposition s’organise et, en 1976, les groupes minoritaires basés en région s’allient pour former le Nouveau Front démocratique (New Democratic Front, NDF). Toutefois, les récurrentes tentatives d’insurrections ne parviennent pas à déstabiliser le pouvoir central.  

1987 : la dévaluation de la monnaie, initialement destinée à combattre les économies parallèles des trafiquants et insurgés, entraîne l’effondrement de l’épargne des Birmans qui sombrent dans la misère, provoquant des émeutes antigouvernementales menées notamment par les étudiants des universités de Rangoun dans l’incapacité de payer leurs études. 

Second coup d’État et deuxième dictature militaire

1988 : les manifestations pro-démocratie se multiplient et gagnent tout le pays. Le 23 juillet, Ne Win démissionne et Sein Lwin lui succède au poste de président du parti. Le 8 août 1988 – « 8888 » (le chiffre 8 est symbolique dans la religion bouddhiste) –, une grève générale est organisée au niveau national et les Birmans se mobilisent pour descendre dans les rues. La répression de la police et de l’armée est brutale, des milliers de personnes sont arrêtées et plus de 3 000 sont mortes ou portées disparues. Au total, on décomptera plus de 10 000 victimes. Le 26 août, Aung San Suu Kyi, « la fille du héros national », tout juste rentrée d’exil, séduit la foule lors d’un premier discours politique devant 500 000 personnes. Elle s’allie avec les figures de l’opposition pour fonder la Ligue nationale pour la démocratie (LND).

Le 18 septembre, le général Saw Maung met fin à cet élan démocratique en prenant le pouvoir par un coup d’État. Il dissout le parti BSPP et créé le Conseil d’État pour le rétablissement de la loi et de l’ordre (State Law and Order Restoration Council, SLORC). La Birmanie connaît sa deuxième dictature militaire.

1989 : le SLORC déclare la loi martiale. Grâce à un important contrat d’achat de matériel militaire avec la Chine, il mène des offensives contre les insurrections des groupes ethniques qui n’avaient pas conclu le cessez-le-feu. Des milliers de personnes sont arrêtées et la secrétaire de la LND, Aung San Suu Kyi, est assignée à résidence.

1990 : sous la pression populaire, le SLORC concède la tenue d’élections générales en vue de l’adoption d’une nouvelle Constitution. La victoire de la LND d’Aung San Suu Kyi est éclatante, remportant 82% des sièges. Mais l’armée refuse de céder le pouvoir et renforce sa politique de répression. Menacés, certains élus pro-démocratie forment un gouvernement en exil, le Gouvernement de coalition nationale pour l’union de la Birmanie (NCGUB). 

1991 : Aung San Suu Kyi, qui bénéficie d’un important soutien au niveau international, reçoit le prix Nobel de la paix pour « son engagement en faveur de la démocratie et des droits de l’homme ». Elle ne pourra le récupérer qu’en 2012.

1997 : la Birmanie rejoint l’Asean, l’Association des nations de l’Asie du Sud-Est, notamment grâce à la libération de Aung San Suu Kyi en 1995. Pour changer l’image du pays, le SLORC est rebaptisé Conseil d’État pour la paix et le développement (State Peace and Development Council, SPDC). Toujours piloté par la puissante Tatmadaw, véritable État dans l’État, ce changement est surtout l’occasion d’une nouvelle purge à la tête du pouvoir.

1998 : le régime poursuit sa politique répressive et dictatoriale. Les sanctions occidentales contre la Birmanie se multiplient et se durcissent d’année en année, mais le pays continue à recevoir le soutien en armements de la République populaire de Chine. En 2000, Aung San Suu Kyi est de nouveau assignée à résidence. Malgré les interventions répétées d’émissaires de l’ONU pour tenter d’instaurer un dialogue entre le pouvoir et les partis d’opposition, la junte poursuit sa « Feuille de route pour une démocratie florissante et disciplinée » (Roadmap to Discipline-flourishing Democracy). En 2005, les autorités militaires déplacent la capitale de Rangoun à Naypyidaw, jugée plus accessible.

En septembre 2007, des centaines de milliers de manifestants, dont beaucoup de moines bouddhistes, protestent contre la hausse des prix. La « Révolution Safran » est violemment réprimée et fait de nombreuses victimes. Un couvre-feu est instauré.

2008 : le 2 mai, le cyclone Nargis frappe la Birmanie. On décompte plus de 130 000 morts et 2,5 millions de sinistrés. La junte militaire refuse toute aide humanitaire extérieure, mais maintient ses objectifs politiques en organisant un référendum constitutionnel. La victoire du SPDC, avec 92% des voix, est largement contestée par l’opposition et les ONG internationales de défense des droits de l’homme.

2009 : la Thaïlande expulse des centaines de personnes issues de la minorité musulmane rohingya qui avaient débarqué sur ses côtes par bateau. La Birmanie, elle, nie l’existence de cette minorité. Établis dans l’État d’Arakan situé sur la côte occidentale de la Birmanie, les Rohingyas représentent une minorité apatride régulièrement persécutée qui a perdu son statut de citoyenneté en 1982, à la suite de la politique de « birmanisation » mise en place par le pouvoir depuis 1962. 

Début d’ouverture

2010 : La Ligue nationale pour la démocratie (LND) boycotte les élections législatives de novembre, les jugeant illégitimes. En effet, la junte interdit la venue d’observateurs et médias étrangers, mais maintient que ces élections marquent le passage d’un régime militaire à une démocratie civile. Son objectif est d’assouplir les sanctions internationales qui pèsent sur le pays. Une semaine après le scrutin, Aung San Suu Kyi est libérée de son assignation à résidence. Elle y aura passé quinze années.

2011 : en mars, l’ex-général Thein Sein est assermenté en tant que président du nouveau gouvernement. Le SPDC, le parti de la junte, est dissous et remplacé par le PUSD, le Parti de l’union, de la solidarité et du développement. Un dialogue s’instaure avec Aung San Suu Kyi et, signe d’ouverture, plusieurs centaines de prisonniers politiques sont libérés, parmi lesquels se trouvent les leaders de la « Génération 88 ». Une série de lois est adoptée par le Parlement : législation des syndicats, abolition de la censure, droit de grève et de manifestation. Enfin, le gouvernement entame des négociations de cessez-le-feu avec les ethnies rebelles pour tenter de mettre fin aux conflits armés, s’appuyant sur le nouveau découpage administratif du pays garantissant une meilleure autonomie aux régions et ainsi aux ethnies minoritaires.

2012 : lors des élections législatives partielles du 1er avril, la LND remporte 43 des 45 sièges à pourvoir – sur un total de 440 que compte la Chambre basse et dont les députés du PUSD conservent la majorité. Bien qu’elle soit minoritaire, cette entrée au Parlement permet à Aung San Suu Kyi de négocier la suite du processus démocratique avec le pouvoir en place. Le changement de régime est positivement accueilli par la communauté internationale qui lève progressivement les sanctions économiques imposées à la Birmanie, ouvrant ainsi la porte aux investisseurs étrangers qui permettront le désenclavement des régions grâce à de vastes travaux d’infrastructures et de développement. Mais cette ouverture économique – par le biais de projets lucratifs contrôlés par le pouvoir central, parfois nuisibles pour l’environnement – ne bénéficie pas assez aux populations locales dont les groupes armés se retrouvent à nouveau en position de conflit avec le gouvernement et son armée. 

Par surcroît, les affrontements intercommunautaires entre la majorité bouddhiste et la minorité musulmane se multiplient, ciblant particulièrement les Rohingyas musulmans établis sur la côte ouest de la Birmanie. S’en suivent d’importants mouvements de populations qui se réfugient dans les pays voisins.

Premières élections libres

2015 : la Birmanie organise ses premières élections libres depuis 1990. Cette fois-ci, il s’agit de renouveler 75% des membres du Parlement et des assemblées d’État ou régionales, les 25% restant étant occupés par les militaires.

Le 8 novembre, la Ligue nationale pour la démocratie (LND), représentée par l’ancien haut fonctionnaire Htin Kyaw, remporte une large victoire avec 390 sièges sur les 440 que compte le Parlement. Aung San Suu Kyi ne pouvait pas se porter candidate, la Constitution birmane interdisant à tout citoyen marié à un étranger de se présenter aux élections. Le gouvernement sortant accepte cette victoire et le processus de transmission du pouvoir se met en place.

2016 : le 15 mars, Htin Kyaw devient le premier chef d’État élu démocratiquement et à ne pas être lié à l’armée. Aung San Suu Kyi, à défaut d’être présidente de la République, prend la tête de quatre ministères : Affaires étrangères, Éducation, Énergie et Électricité. Elle est également nommée Conseillère de l’État, l’équivalent de Première ministre, et porte-parole de la présidence. La Constitution réserve les ministères de l’Intérieur, de la Défense et des Frontières à l’armée.

En août, les pourparlers pour la transition démocratique se mettent en place. Le 15 octobre, le gouvernement et huit guérillas séparatistes représentant les ethnies minoritaires signent un accord de « cessez-le-feu national ». Ce dernier sera toutefois difficile à entériner, treize autres guérillas ayant refusé de signer.

Au même moment, dans l’État de l’Arakan, l’attaque de postes-frontières par un groupe rebelle jusqu’ici inconnu, l’Armée du salut des Rohingyas de l’Arakan (Arakan Rohingya Salvation Army, ARSA), provoque de violentes représailles de la part de l’armée birmane et la fuite de 87 000 Rohingyas vers le Bangladesh voisin. Sur le million de personnes que compte la minorité rohingya de Birmanie, l’ONU estime à plus de 600 000 le nombre de réfugiés ayant fui au Bangladesh depuis le début des affrontements.

2017 : en mars, le Conseil des droits de l’homme des Nations unies envoie une mission internationale indépendante en Birmanie pour enquêter sur les allégations de violations des droits de l’homme de l’armée contre la minorité musulmane rohingya dans l’État de l’Arakan. Cependant, les violences continuent et, en août, les attaques coordonnées de l’ARSA contre des postes de police près de la frontière avec le Bangladesh sont lourdement réprimées par l’armée birmane, provoquant un nouvel exode massif de réfugiés vers le Bangladesh.

Le 13 septembre, le Conseil de sécurité de l’ONU adopte une déclaration dénonçant la « violence excessive » exercée par les autorités birmanes à l’encontre des Rohingyas. Le nombre de réfugiés rohingya est estimé à un million et des rapports d’ONG indépendantes comme du Haut-Commissariat aux droits de l’homme dénoncent l’ampleur des crimes perpétrés à leur encontre. Les termes de « génocide » et de « nettoyage ethnique » sont utilisés. En novembre, la Birmanie et le Bangladesh concluent un accord pour le retour des Rohingyas, sans pour autant rendre les détails publics.

2018 : les modalités de cet accord sont présentées en janvier et ce retour, planifié jusqu’en 2020, est soumis à la preuve du lieu de résidence, une exigence bien difficile à tenir pour des réfugiés en exil. La citoyenneté des Rohingyas, elle, n’est toujours pas reconnue par la Constitution birmane.

En août, un rapport de l’ONU affirme que « les principaux généraux de Birmanie, y compris le commandant en chef Min Aung Hlaing, doivent faire l’objet d’enquêtes et de poursuites pour génocide […], ainsi que pour crimes contre l’humanité et crimes de guerre ». Le rapport dénonce également Aung San Suu Kyi pour ne pas avoir utilisé son autorité pour empêcher les violences, ce qui lui vaut de se voir retirer certaines distinctions attribuées par des institutions étrangères.

Au cours de cette même année, la Tatmadaw, l’armée birmane, poursuit ses combats contre des guérillas en région, dans les États Kachin, Karen et Chan, en dépit de l’accord de « cessez-le-feu national » signé en octobre 2015. 

2019 : La Gambie, mandatée par les 57 États membres de l’Organisation de la coopération islamique, saisit la Cour internationale de justice (CIJ) avec le soutien des Pays-Bas et du Canada. La CIJ entame alors une action contre la Birmanie pour « actes de génocide » à l’encontre de la minorité rohingya. Lors de son audition à La Haye en novembre, Aung San Suu Kyi avance l’existence d’un conflit armé interne dans la région de l’Arakan et défend les initiatives en faveur d’une réconciliation. Mais ses arguments sont rejetés par la CIJ.

2020 : en janvier, la CIJ rend une ordonnance qui impose à la Birmanie de prendre des mesures concrètes pour protéger la minorité musulmane rohingya. En mars, la Ligue nationale pour la démocratie (LND) tente de réduire le pouvoir de l’armée en présentant un projet de réforme constitutionnelle en vue de réduire de 25% le nombre de sièges attribués aux militaires au Parlement. C’est un échec, le projet ne recueillant pas assez de voix pour valider une modification constitutionnelle.

Le 8 novembre, la LND remporte une nouvelle fois les élections législatives avec une majorité absolue légèrement supérieure à celle de 2015.

Troisième coup d’État et retour au pouvoir de la junte militaire

2021 : début janvier, l’armée birmane avance des irrégularités dans le scrutin de novembre et menace de renverser le nouveau gouvernement si des vérifications n’étaient pas autorisées. Le 1er février au matin, l’armée procède à l’arrestation du président birman Win Myint et de Aung San Suu Kyi qui est assignée à résidence, accusée d’importation illégale de talkies-walkies. Les accès routiers de la capitale sont bloqués, les télécommunications sous contrôle et les réseaux sociaux coupés. Le vice-président Myint Swe est nommé président par intérim – un titre purement honorifique – et l’état d’urgence est proclamé. La Tatmadaw signe là son troisième coup d’État depuis 1962, sous le commandement du général Min Aung Hlaing, celui que l’ONU accusait, en 2018, d’« intentions génocidaires ». 

Les réactions de la communauté internationale sont nombreuses mais divergentes. Le Conseil de sécurité des Nations unies, réuni en urgence, ne parvient pas à adopter une proposition de résolution pour condamner le coup d’État, la Chine et la Russie ayant posé leur veto

De son côté, la population se mobilise massivement, fermement déterminée à défendre la démocratie. La désobéissance civile s’organise et, malgré une répression policière particulièrement violente, les Birmans défient la junte militaire au péril de leur vie à travers des manifestations et des mouvements de grève qui paralysent tout le pays, usant de stratagèmes pour communiquer avec le monde extérieur. 

Alors que la Birmanie est déjà affaiblie par la crise sanitaire imputable à l’épidémie de Covid-19, ce coup d’État replonge le pays dans un régime de la peur, provoquant une crise socio-économique aux conséquences dramatiques pour une situation humanitaire déjà très préoccupante.

Par Anoushka Notaras – Radio France Internationale – 1er février 2023

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