Le Cambodge quitte la zone grise du blanchiment
Les efforts concertés des autorités pour lutter contre la criminalité financière, en particulier le blanchiment d’argent, ont porté leurs fruits. Le Cambodge a finalement été retiré de la liste grise du Groupe d’action financière (GAFI) sur laquelle il figurait depuis février 2019.
Le Cambodge n’est plus soumis au processus de surveillance accrue du GAFI
Le GAFI a retiré vendredi dernier le Royaume, ainsi que le Maroc, de sa liste grise après l’effectivité de leurs mesures de lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Plus de 200 pays et juridictions suivent les recommandations du GAFI. L’objectif premier des normes anti-blanchiment du groupe est de lutter contre le crime organisé, le trafic de drogue, la traite des êtres humains, la corruption et le terrorisme.
Le GAFI s’efforce également d’empêcher que l’argent liquide soit utilisé pour financer des armes de destruction massive par des pays à haut risque. Ainsi, il conseille les gouvernements sur la manière de combattre la criminalité financière et évalue les politiques et procédures de ses membres.
Le pays « a remédié à ses insuffisances techniques afin de respecter les engagements de son plan d’action sur les déficiences stratégiques identifié en février 2019 », a déclaré le GAFI.
L’organisme ajoute que le Cambodge n’est « plus soumis à son processus de surveillance accrue. »
Néanmoins, trois pays demeurent sur la liste noire du GAFI : La République populaire démocratique de Corée, l’Iran et le Myanmar, tandis que plus de 20 pays figurent sur sa liste grise.
Des efforts dans la lutte contre le blanchiment d’argent salués
Cité par le Khmer Time, le général Sopheak Khieu, porte-parole du ministère de l’Intérieur, a déclaré hier que le retrait du Cambodge de la liste par le GAFI était un résultat gratifiant de la solidarité des responsables gouvernementaux qui avaient consacré leur temps et leur énergie à trouver une solution au problème.
En 2019, le pays a notamment confisqué plus de 10 millions de dollars en espèces importés illégalement par des étrangers.
En avril de la même année, les douaniers de l’aéroport international de Phnom Penh ont par exemple arrêté trois ressortissants chinois qui tentaient de faire entrer clandestinement plus de 3,5 millions de dollars en provenance de Hong Kong.
En juillet 2020, le Cambodge a également durci sa politique en publiant une loi sur la lutte contre le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme.
Désormais, le Cambodge a retrouvé son nom propre et est internationalement reconnu comme un pays non impliqué dans le blanchiment d’argent et le financement du terrorisme
, a déclaré le porte-parole du ministère de l’Intérieur.
Il ajoute: « Cela donne confiance à tous les investisseurs étrangers qui n’ont pas à s’inquiéter de la question puisque les transactions d’argent à travers les banques ou d’autres canaux sont faites légalement. Nos dirigeants gouvernementaux ont montré un engagement élevé à poursuivre la lutte contre le blanchiment d’argent« .
La nécessaire vigilance des autorités cambodgiennes
Senkaruna Soeng, porte-parole du groupe de défense des droits de l’homme (ADHOC) cité par le Khmer Time, a quant à lui déclaré hier qu’il se félicitait du retrait du Cambodge de la liste grise du GAFI. Il a ajouté que les autorités cambodgiennes ne devaient pas relâcher leur vigilance.
Il a notamment rappelé que dans le passé, le Cambodge avait couru un risque élevé d’être placé sur la liste noire du GAFI parce que certains investisseurs chinois avaient fait circuler d’importantes sommes d’argent sur le marché cambodgien et que le système de contrôle des flux de trésorerie n’était pas correctement réglementé.
“Alors que les investisseurs chinois faisaient circuler illégalement de l’argent sur le marché cambodgien, nous avions l’habitude de craindre que le Cambodge soit mis sur liste noire, car nous étions déjà sur la liste grise,”, a-t-il expliqué.
“Le GAFI a peut-être retiré le Cambodge de la liste grise, mais les autorités doivent rester sur le qui-vive et prendre d’autres mesures juridiques pour éviter que le royaume ne figure à nouveau sur cette liste ou ne finisse sur la liste noire du GAFI”, a conclu Senkaruna Soeng.
Lepetitjournal.com – 27 février 2023
Articles similaires / Related posts:
- Des progrès sur le front du blanchiment d’argent au Cambodge À l’issue de sa réunion plénière le GAFI constate une amélioration de lutte contre le blanchiment d’argent et fournit des recommandations pour la rendre plus efficace....
- Cambodge : le coronavirus aggrave encore le sort des familles sur-endettées Vendre ses terres, Roeurn Reth devra peut-être bientôt s’y résoudre. Cette agricultrice de 50 ans du nord du Cambodge est prise au piège d’un surendettement écrasant, incapable de rembourser ses micro-prêts qui se sont accumulés depuis la pandémie de covid-19....
- Controverse sur le micro-crédit au Cambodge Un rapport, intitulé « Right to Relief », rédigé par le groupe de défense des droits Licadho et l’ONG de défense du droit au logement Equitable Cambodia, présente les expériences de 14 communautés confrontées à des dettes croissantes....
- Les 3 start-ups FinTech cambodgiennes qui bouleversent le secteur financier du pays Le Cambodge se convertit à grand pas au payement numérique. Avec son smartphone, il est de plus en plus facile de payer ses achats, pas seulement dans les grands magasins les franchises internationales, mais aussi chez les petits commerçants ou les acteurs de l’économie informelle. ...
- La dette publique a stimulé la croissance des infrastructures Le Premier ministre cambodgien Hun Manet a déclaré hier que la dette publique du Cambodge avait aidé le pays à construire ses infrastructures, contribuant ainsi au développement économique....